Coronavirus : les limites du modèle suédois face à la deuxième vague
En dépit d'un durcissement des restrictions ces dernières semaines, la stratégie atypique de la Suède se heurte à la deuxième vague de coronavirus, que le pays a longtemps cru pouvoir éviter.

Alors qu'elle avait dès le départ privilégié une stratégie "souple" pour lutter contre le coronavirus, la Suède a été obligée de revoir ses plans ces dernières semaines. Le pays scandinave doit faire face à une deuxième vague particulièrement intense.
Services de réanimation sous tension, demande de renfort de tout le personnel sanitaire qualifié à Stockholm, mortalité jusqu'à dix fois supérieure à ses voisins nordiques ... Cet automne, le royaume répète son bilan très médiocre du printemps.
En début de semaine, les hospitalisations liées à la Covid-19 en Suède ont égalé leur pic du 20 avril, avec près de 2.400 patients traités, même si la proportion en soins intensifs est deux fois moindre qu'au printemps, autour de 10%.
Le nombre de morts a atteint 7.802 mercredi - dont plus de 1.800 depuis début novembre - et celui de nouveaux cas tourne autour d'un niveau record, au-delà de 6.000 par jour en moyenne, selon les données officielles.
Une approche non-coercitive
Jugeant quasiment impossible d'empêcher le virus de circuler, les autorités suédoises se sont très tôt fixé l'objectif de spécifiquement protéger les personnes âgées et à risques. L'objectif était aussi d'éviter la saturation des services de santé, tout en tolérant un certain niveau de contagion.
La population n'a pas été confinée et les écoles n'ont pas fermé pour les moins de 16 ans.
Le pays n'a pas non plus recommandé l'usage des masques, les jugeant inefficaces et privilégiant les appels à la distanciation. Les bars, restaurants ou magasins n'ont à aucun moment dû fermer.
Autre spécificité du royaume : en dehors de quelques interdictions, la stratégie repose essentiellement sur des "recommandations" ayant valeur de règle officielle mais pas coercitives.
Sur fond de vif débat et malgré des critiques grandissantes, la Suède s'est jusqu'ici refusée à qualifier sa stratégie d'échec, appelant à en juger sur le long terme.
Un durcissement des restrictions
Si les Suédois demeurent majoritaires à renouveler leur confiance dans leur gouvernement, la tendance semble désormais s'éroder, d'après un sondage Ipsos paru jeudi.
Ces dernières semaines, quelques mesures ont été prises. Les évènements réunissant plus de huit personnes et la vente d'alcool après 22H ont été interdits. Quant aux lycées, ils sont repassés à l'enseignement à distance.
En parallèle, le gouvernement a ressorti des oubliettes un projet de loi d'urgence devant permettre de fermer notamment les magasins et les restaurants. L'entrée en vigueur n'est toutefois prévue que mi-mars.
Comme le reste de l'Union européenne, la Suède fonde beaucoup d'espoirs sur la vaccination qu'elle espère lancer fin décembre et proposer à toute la population autour de mi-2021.
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