L'année 2018 a été la deuxième plus chaude en Arctique depuis que les relevés existent, à partir de 1900. Il a fait 1,7°C plus chaud que la moyenne des trois dernières décennies et le réchauffement y est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale. Le record absolu date de 2016.
La tendance est évidente : les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, selon le rapport annuel de l'agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA), publié ce mardi 11 décembre et écrit par plus de 80 scientifiques de 12 pays. "La multiplication des records et quasi-records de température depuis 2014 est sans précédent dans l'histoire des relevés", prévient l'agence.
Par ailleurs, une autre étude parue dans Nature Communications avertit que la fonte du permafrost sous l'effet du réchauffement climatique menace également jusqu'à 70% des infrastructures en Arctique, dont des champs pétrolifères et gaziers.
Dans l'océan Arctique, la glace se forme de septembre à mars mais la saison se raccourcit inexorablement au fil des années. Les glaces sont moins épaisses, plus jeunes et couvrent moins d'océan. La vieille glace, c'est-à-dire âgée de plus de quatre ans, s'est réduite de 95% depuis 33 ans.
C'est un cercle vicieux : des glaces plus jeunes sont plus fragiles et fondent plus tôt au printemps. Moins de glace signifie moins de réflexion solaire car l'océan absorbe davantage d'énergie et se réchauffe donc un peu plus.
Les douze années de plus faibles couvertures glaciaires sont... les douze dernières années. À l'inverse, l'accélération de la fonte de la couverture glaciaire du Groenland s'est stabilisée, selon la NOAA. D'autre part, selon elle, les six fleuves d'Eurasie se jetant dans l'océan Arctique ont déversé davantage d'eau : +25% l'été dernier par rapport aux années 1980.
Ces changements climatiques ont un effet dramatique sur l'écosystème. "Le réchauffement continu de l'atmosphère et de l'océan arctiques provoquent de vastes changements dans le système environnemental, de manières conformes aux prévisions mais aussi surprenantes", résume l'agence.
Les populations de caribous et rennes sauvages de la toundra sont en déclin depuis le milieu des années 1990. Sur les 22 troupeaux surveillés, seuls deux n'ont pas décliné, et cinq ont perdu plus de 90% de leurs membres dans la région Alaska-Canada et "ne montrent aucun signe de reprise". "Certains troupeaux ont des populations au plus bas niveau jamais enregistré", avertit l'agence.
Si la plupart des troupeaux de caribous sont officiellement classés en danger ou rares, c'est probablement à cause de l'allongement de l'été et l'apparition des maux que subissent ces animaux, bien équipés pour l'hiver mais pas pour la saison douce : parasites, puces, maladies...
Le réchauffement aide au contraire les algues rouges toxiques (planctons microscopiques ou bien algues plus grosses) à conquérir de nouveaux territoires en pénétrant les eaux de moins en moins froides de l'Arctique, où poissons et crustacés peuvent s'empoisonner.
"Les données récoltées dans la dernière décennie montrent clairement que de multiples espèces toxiques d'algues sont présentes dans la chaîne alimentaire de l'Arctique à des niveaux dangereux et il est très probable que ce problème persiste et sans doute empire à l'avenir", selon la NOAA.
Autre problème à l'horizon : le pergélisol en français (permafrost en anglais), des sols gelés toute l'année, recouvre 25% des terres émergées de l'hémisphère nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska. Or, sa fonte menace les infrastructures industrielles. "Le fait en particulier qu'environ 70% des infrastructures actuelles (...) se situent dans des zones où le potentiel de fonte du permafrost proche de la surface du sol est élevé", dit-il.
"D'ici 2050, 3,6 millions de personnes (...) pourraient être affectées par les dégâts causés aux infrastructures par le dégel du permafrost", précise l'étude. Le respect de l'Accord de Paris sur le climat ne permettra pas de réduire ce risque d'ici 2050, prévient l'étude, mais limiter le réchauffement climatique sous la barre des 2°C permettrait en revanche de réduire les dégâts potentiels dans la deuxième moitié du siècle.
En Sibérie, les effets de la fonte du permafrost se font déjà sentir. À Iakoutsk, la plus grande ville du monde construite sur du permafrost, la plupart des bâtiments soviétiques à plusieurs étages n'ont pas été construits pour résister au réchauffement climatique. Des habitations ont déjà dû être démolies, d'autres sont pleines de crevasses.
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