Les vérifications scientifiques ont brisé la belle histoire. Les autorités judiciaires argentines ont indiqué que des analyses génétiques officielles écartaient tout lien biologique entre l'une des fondatrices des "Grands Mères de la Place de Mai" en Argentine et une femme présentée la veille comme sa petite-fille. L'Unité spécialisée dans les cas d'enfants enlevés à leur famille pendant la dictature a annoncé dans un communiqué que deux tests ADN officiels contredisaient l'identification du 120e enfant "volé" annoncée le 24 décembre dernier.
Jeudi, la Fondation Anahi, créée en 1989 par Maria "Chicha" Mariani après avoir quitté la présidence des Grands-Mères de la Place de Mai, avait fait valoir une analyse génétique privée qui garantissait un taux de compatibilité de 99,9% pour annoncer l'identification de Clara Anahi, portée disparue le 24 novembre 1976 et présentée comme le 120e enfant "volé" par la junte pendant la dictature argentine, qui a dirigé le pays d'une main de fer entre 1976 et 1983.
"Après 39 ans d'infatigables recherches, (Maria) Chicha Mariani et sa petite fille Clara Anahi se sont retrouvées", avait alors écrit la fondation sur sa page Facebook, tandis qu'un cliché des supposées grand-mère et petite-fille avait été mis en ligne sur les réseaux sociaux.
Fondée au cœur des années de dictature en 1977, l'organisation des "Grands-mères de la Place de mai" s'active depuis des décennies pour rechercher ces petits-enfants portés disparus. Selon des estimations, 500 bébés d'opposants politiques, enlevés à leur mère ou nés en captivité, ont ensuite été adoptés par des dignitaires du régime militaire, impliqué dans la mort ou la disparition de 30.000 personnes. En août 2014, la dirigeante historique de cette organisation emblématique en Argentine, Estela Carlotto, avait retrouvé son petit-fils, lui aussi enlevé sous la dictature, après 36 ans de recherches.