La milliardaire Isabel dos Santos, fille de l'ex-président angolais déjà sous le coup d'une enquête judiciaire dans son pays, est accusée d'avoir "siphonné les caisses du pays", dans une enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), publiée le 19 janvier.
Après avoir analysé une fuite de 715.000 documents, 36 médias internationaux dont la BBC, le New York Times ou Le Monde ont expliqué comment une armée de sociétés financières occidentales, d'avocats, de comptables, de fonctionnaires et de sociétés de gestion ont aidé cette femme de 46 ans à cacher près d'un milliard de dollars aux autorités fiscales.
La fille du dictateur angolais est déjà dans la ligne de mire de la justice angolaise, qui la soupçonne d'avoir détourné, avec son époux danois d'origine congolaise Sindika Dokolo, d'énormes sommes d'argent des comptes des entreprises publiques Sonangol (pétrole) et Endiama (diamant) pour nourrir ses propres affaires.
Le 20 janvier, la justice angolaise a averti qu'elle utiliserait "tous les moyens" pour ramener Isabel dos Santos dans le pays. La milliardaire vivrait actuellement entre Londres, Dubaï et le Portugal.
"Le ministère public ne manquera pas d'analyser toute information devenue publique", a de son côté assuré le parquet portugais le 21 janvier. "Le pillage du peuple angolais a été mené par Isabel dos Santos et sa famille avec la complicité des élites politiques et économiques portugaises", a dénoncé le 20 janvier la dirigeante du Bloc de gauche (gauche radicale portugaise), Catarina Martins.
Ce scandale a également démontré comment une constellation de cabinets d'audit, d'avocats ou de conseil ont pu parfois fermer les yeux sur l'origine douteuse de la fortune de leur cliente Isabel dos Santos, en particulier les "Big Four", les quatre plus grands cabinets comptables du monde (Deloitte Touche Tohmatsu, Ernst & Young, KPMG et PwC).
D'après l'enquête de l'ICIJ ces entreprises, ainsi que des sociétés de conseil comme le Boston Consulting Group (BCG) ou des cabinets d'avocats "ont fait circuler de l'argent, audité des comptes, créé des sociétés écran, suggéré des manières d'éviter les impôts en ignorant les signaux d'alerte".
Un banquier portugais, dont le nom apparaît dans les "Luanda Leaks", et qui travaillait pour la banque Eurobic, dont Isabel dos Santos est l'actionnaire principale, a été retrouvé mort à Lisbonne. Il se serait probablement suicidé, selon la police portugaise.