Affaire LuxLeaks : "C'est un flagrant délit d'absence de courage politique", dénonce le journaliste Denis Robert
REPLAY / INVITÉ RTL - Le journaliste d'investigation dénonce l'inaction de la France face à des lanceurs d'alerte injustement incriminés.

Le procès d'Antoine Deltour pour l'affaire des LuxLeaks s'ouvre ce mardi 26 avril au Luxembourg. Poursuivi pour avoir fourni à la presse des documents révélant des accords entre le fisc luxembourgeois et certaines multinationales, le lanceur d'alerte comparaît devant le tribunal correctionnel jusqu'au 4 mai. Il encourt une peine de 10 ans d'emprisonnement et plus d'un million d'euros d'amende. Denis Robert, journaliste d'investigation sera aux côtés d'Antoine Deltour et Raphaël Halet car "il me semble que c'est mon devoir", estime-t-il.
Ce dernier se remémore son implication dans l'affaire "Clearstream" il y a 8 ans et s'identifie à cette homme esseulé. "Quand Antoine Deltour m'a sollicité, j'ai tout de suite dit oui, déclare-t-il. D'autant que ce courage dont il a fait preuve devrait être récompensé". Denis Robert trouve scandaleux que ce lanceur d'alerte se retrouve dans un tribunal "alors que nous devrions lui remettre la Légion d'honneur".
Une prise de position tardive de la part de la France
Le journaliste dénonce une France, coupable d'absence. "C'est un flagrant délit d'absence de courage politique et de mensonge". Il explique qu'il y a trois niveaux de mensonge : d'une part, l'Europe qui laisse un pays comme le Luxembourg "nous faire les poches", puis le Luxembourg qui continue à "simuler une justice" et d'autre part, la France qui "nous baratine sur le fait qu'ils vont lutter contre la finance ou encore qu'il va y avoir des contrôles". Selon Denis Robert, cette affaire était la seule et unique chance pour le chef de l'État français, le premier ministre et le ministre de l'Économie de prendre position, afin "d'envoyer un message positif et clair".
Nous œuvrons pour le bien public et c'est nous qui sommes incriminés
Denis Robert, journaliste d'investigation
Le député socialiste Yann Galut avait proposé une position de loi qui prévoyait notamment la création d'une agence nationale de l'alerte, suivi de Michel Sapin qui à son tour a proposé de créer un statut unique de protection pour tous les lanceurs d'alerte. "Cela arrive un peu tard", déplore Denis Robert. Selon lui, "ça réagit dans l'émotion", à la suite de l'émission Cash Investigation sur ces fameux "Panama Papers".
Il regrette qu'aujourd'hui, "c'est aux journalistes d'apporter la preuve qu'ils n'espionnent pas industriellement, alors que ça devrait être l'inverse". Il tempère considérant que "tous les lanceurs d'alerte ne se valent pas, mais ces plaintes à répétition sont anormales", de la part d'entreprises libres de faire ce qu'elles veulent, ayant de l'argent. "Nous œuvrons pour le bien public et c'est nous qui sommes incriminés", alerte-t-il. Une absurdité qui en agace plus d'un.
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