80 ans du Débarquement : "Je suis le dernier des Mohicans", témoigne Achille Müller, dernier survivant des Forces françaises libres

Les premières commémorations du 80ᵉ anniversaire du Débarquement sont célébrées à partir de ce mercredi 5 juin. À cette occasion, RTL continue de donner la parole à ceux qui ont vécu ce D-Day, ce 6 juin 1944, avec le témoignage exceptionnel de l'unique survivant des commandos parachutistes français qui ont sauté sur la France à l'été 1944.

Le colonel Achille Müller habite près de Pau. Chez lui, au mur, est accroché son fusil américain M1, celui qu'il avait en atterrissant en France en 1944. "J'ai sauté de ma Jeep pour embrasser le sol de France, raconte-t-il. Vous n'imaginez pas l'émotion que c'était." Deux ans plus tôt, Achille n'a que 17 ans à Forbach. Et à l'été 1942, la Lorraine, c'est le Reich, les jeunes hommes doivent servir dans l'armée allemande.

"Absolument impossible, affirme-t-il. J'ai écrit une lettre à la kommandantur de Forbach disant que je m'en vais contre la volonté de mes parents, sinon ils étaient bons pour les camps de concentration." Il cherche alors à atteindre l'Angleterre. "C'est de bouche-à-oreille que j'ai appris qu'un général appelé de Gaulle avait rejoint Londres, se souvient Achille. Et pour moi, c'était le seul endroit : je voulais participer au Débarquement."

Un périple de huit mois pour rejoindre Londres

Achille quitte Forbach sur son vélo tout neuf, le périple durera près de huit mois. Grâce à la complicité de ses oncles, il passe la ligne de démarcation. À Lyon, il peine à trouver une filière vers les Pyrénées, traverse l'Espagne franquiste pour arriver à Gibraltar où il tombe sur un navire français de Vichy.

Très mauvaise pioche. Il s'échappe du navire à la nage et parvient à contacter un officier de la France Libre. Et il gagne enfin l'Angleterre par bateau. Huit mois d'un périple épuisant depuis Forbach. Achille Müller choisit alors les commandos parachutistes, les fameux "Spécial Air Service" (SAS) de la France Libre, et mène une longue campagne pour libérer la France. D'abords la Bretagne où il atterrit en planeur. Au volant de sa jeep armée de trois mitrailleuses, il prend part aux combats en France et jusqu'en Hollande où les affrontements sont intenses.

On se téléphonait, les anciens, et on disait : 'lequel de nous sera le dernier des Mohicans ?' Je suis le dernier des Mohicans".

Le colonel Achille Müller, vétéran du Débarquement, sur RTL

80 ans plus tard, Achille Müller rend hommage à ses compagnons tombés au combat dans un texte intitulé In Memoriam. "Ils sont là, les fantômes de ma jeunesse, souriants, maigres, bronzés, lit-il. Ils passent et repassent. Ils sont restés jeunes à jamais, la mort les figeant dans une éternelle jeunesse. Jusqu'au jour où enfin, sur la bannière poudrée d'étoiles, nous rejoindrons la corde céleste réunie à jamais". "On se téléphonait, les anciens, et on disait : 'Lequel de nous sera le dernier des Mohicans ?' Je suis le dernier des Mohicans", témoigne-t-il.

Achille Müller a fait carrière dans l'armée jusqu'au grade de colonel, grand-croix de la Légion d'honneur. Un parcours absolument hors norme pour un jeune Lorrain parti à vélo sur les routes de France pour participer coûte que coûte au débarquement. Achille participera ce 5 juin à la cérémonie d'hommage à Plumelec dans le Morbihan en présence d'Emmanuel Macron. 

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