Deux hommes sont morts et une personne est portée disparue dans le Var, où plusieurs communes ont été dimanche 19 janvier en partie envahies par les
eaux après des pluies intenses et dont les cours d'eau restaient
surveillés avec attention. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, les ministres de l'Intérieur Manuel Valls et de l'Ecologie Philippe Martin sont attendus sur place lundi matin. Ils doivent survoler les
zones sinistrées et se rendre à La Londe Les Maures. La région de Hyères,
La Londe, Le Lavandou, a été durement touchée par les crues, son sol
gorgé par les pluies qui s'accumulaient depuis vendredi et devaient
continuer de manière "irrégulière" jusqu'à lundi matin.
Un homme
de 73 ans est décédé dans sa cave à La Londe, un homme a été emporté
dans sa voiture à Pierrefeu en empruntant une route inondée barrée, et
une autre personne qui dormait sur son bateau a disparu à La Londe, a
indiqué la préfecture. Après l'annonce du deuxième décès, le
préfet du Var a appelé la population à "différer ses déplacements et à
respecter les consignes des forces de sécurité et des maires". "Je
recommande la plus grande vigilance" pour cette nuit, a dit le préfet
Laurent Cayrel. Les pouvoirs publics s'inquiètent aussi de
l'évolution de l'Argens, dans l'est, où des évacuations préventives ont
été menées, aux Arcs, à Fréjus, Roquebrune, Puget-sur-Argens.
C'est une crue historique
Jacques Politi, le maire de Hyères
Dans la nuit, la cellule de crise suivait de près le niveau de ce fleuve côtier, qui semblait se stabiliser à 6,40 m, tout près de sa cote d'alerte de 6,64, après une forte montée, selon la préfecture. Sur le terrain, le dispositif nocturne est resté le même qu'en journée, avec 500 pompiers, 200 gendarmes, 75 militaires. Huit hélicoptères restaient mobilisés.Dimanche 155 personnes avaient été hélitreuillées. Le porte-à-porte des policiers, gendarmes et pompiers doit continuer, selon la préfecture. A Hyères, des évacuations, par barque ou hélicoptère, ont encore été menées dans la nuit dans le quartier de l'Ayguade, où l'eau se déplaçait.
"J'ai
dû monter sur le toit vers 22h, j'ai fait signe à l'hélicoptère avec
une lampe-torche, il n'y avait plus d'électricité, je n'avais plus de
téléphone", a raconté un rescapé, Yannick Palier. Cependant, selon
la préfecture, le cours d'eau le Gapeau a amorcé une décrue dans la
nuit, après avoir atteint un summum en fin de journée à Hyères. Pour
la ville, "c'est une crue historique", a dit le maire Jacques
Politi, depuis le centre d'hébergement ouvert préventivement par la
ville dès samedi dans le Forum du Casino. Quelque 70 rescapés s'y
trouvaient pour la nuit.
Le nombre total d'évacués était difficile à évaluer, selon le préfet, qui évoque une soixantaine de personnes sur La Londe et une soixantaine sur le seul quartier de l'Oratoire à Hyères. Au moins six centres d'hébergement ont été ouverts, dans un gymnase au Luc ou dans un hôtel à Pierrefeu, dans ce département encore meurtri par les inondations de juin 2010 (23 morts, deux disparus). Alors qu'une accalmie avait permis une légère décrue dans la nuit de samedi à dimanche, un nouvel épisode orageux, localisé mais violent, s'était produit dimanche matin, entraînant une montée des eaux parfois soudaine.
La Londe a été particulièrement touchée car la commune est située dans la zone d'écoulement du Gapeau, gonflé par les eaux, a expliqué Cayrel. Les quartiers situés dans l'estuaire sont ainsi très affectés, mais dimanche soir, selon le représentant de l'Etat, "peu à peu ces quartiers revenaient à la normale".
Les victimes ont souvent dit la
brutalité du phénomène. "Tout d'un coup on a vu une vague arriver du lac
de la colline sainte Eulalie", a expliqué Kevin Van der Steen, 20 ans,
dont la famille construit des serres à Hyères. "Tous nos véhicules, tracteurs et machines agricoles sont sous les eaux". Dans
la nuit, une vingtaine de routes départementales restaient coupées. La
plupart des foyers privés de courant ont été rétablis, selon ERDF. Les
cumuls de pluies sur ce département devraient atteindre souvent 80 à
120 mm, jusque localement 150 à 200 mm, selon Météo-France. Dans
une interview à Var-Matin lundi, Jean-Marc Ayrault a promis que l'arrêté
de catastrophe naturelle serait "pris dans les plus brefs délais".
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