C'est vrai qu'il y avait une tradition du "coup de pouce au smic". Elle a été inaugurée par ce qu'on appelle les accords de Grenelle, en mai 1968, pour mettre fin aux grèves qui paralysaient le pays. Le smig, c'est ainsi qu'on l'appelait, avait été augmenté de 35% à cette occasion. Mais entre 1968 et aujourd'hui, le monde a complètement changé.
La grande différence avec 1968, c'est qu'on ne peut plus dévaluer. C'était la technique utilisée à l'époque : on augmentait les salaires, et six mois plus tard, le franc était dévalué, pour retrouver des coûts de production qui permettaient d'exporter. En 1969, peu après mai 68, le franc est dévalué de 11%. Qui dit dévaluation, dit aussi inflation, hausse des prix, qui pénalisait le pouvoir d'achat.
Le smic a pourtant continué à augmenter car on a trouvé un substitut : la baisse des charges. On augmentait le salaire direct et la collectivité payait pour les charges sociales, de façon à ne pas augmenter le coût du travail. Car un coût du travail élevé, c'est moins de créations d'emplois. C'est Balladur qui a inventé ce système, en 1993, considérablement développé par Martine Aubry, en 2000, au moment du passage aux 35 heures. Mais ça n'a pas suffi.
On a donc inventé la prime d'activité, c'est à dire une subvention directe, non plus aux entreprises sous la forme de baisse des charges, mais aux salariés eux-mêmes, sous la forme d'une allocation complémentaire de revenu.
C'est cette prime d'activité que Macron a augmentée de 80 euros lundi, pour arriver à une progression du smic net de 100 euros. C'est la forme moderne du coup de pouce. En fait, voilà vingt cinq ans que l'augmentation des salaires peu qualifiés, est payée en bonne partie par l'état, et non pas par les employeurs.
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