Salon du Bourget : la fin de l'âge d'or de l'aéronautique
ÉDITO - Le 52e salon international de l'aéronautique et de l'espace a déployé ses ailes lundi 19 juin près de Paris.
Le Bourget a une tradition. Tous les deux ans, les grands constructeurs et les équipementiers viennent y montrer leurs muscles. Ils ont fait la diète entre deux salons, et voilà qu'ils affichent leurs carnets de commandes. Cette année, le show est encore réussi : 240 commandes (dont la moitié étaient déjà bouclées) pour le nouveau Boeing 737-Max, et au moins une centaine de A-320neo pour Airbus.
Ces ordres d'achat, qui tournent autour de 10 milliards pour chaque entreprise, sont conséquents. Ce carnet d'ordre très respectable pour le constructeur européen ne peut pas masquer paradoxalement que c'est aussi au Bourget la fin d'un âge d'or.
Il reste encore du pain blanc dans la corbeille de cette industrie. Il va lui falloir construire 20.000 avions d'ici vingt ans. Mais Européens et Américains ne sont plus les seuls acteurs, et l'horizon pourrait ne pas être aussi rayonnant qu'il le fut lors de la dernière décennie. D'abord, le gisement de commandes des grandes compagnies du Golfe (Emirates, Qatar Airways ou Etihad) commence à s'épuiser. Les gros porteurs comme le A380 en seront affectés.
Les compagnies aériennes ne veulent plus attendre des années la livraison d'un avion
Christian Menanteau
Ensuite, les constructeurs savent qu'en 2025 la moitié de la flotte civile mondiale sera composée d'appareils de la nouvelle génération : des machines plus sophistiquées, plus économes et plus rentables pour les compagnies aériennes. Cela va calmer la vague de renouvellement.
Enfin, les avionneurs comme les grands équipementiers qui fabriquent les moteurs, les cockpits tout numérique ou les systèmes de sécurité, devront produire plus vite : les compagnies ne veulent plus attendre des années la livraison d'un avion. Ils devront aussi produire mieux. Cela signifie des investissements très lourds et une nouvelle compétition, celle de l'innovation.
L'innovation, c'est justement la prochaine étape. Ces industries sont déjà focalisées sur les avions du futur. Ceux qui seront à propulsion électrique. Airbus a déjà le sien l'E-Fan. Boeing n'est pas en reste. Avant, il y aura probablement la voiture volante. C'est la prochaine révolution : Airbus a trois projets en cours dans ce domaine, dont la PopUp et le CityAirbus, qui prévoient le transport de quelques passagers dans des machines à propulsion électrique. Techniquement, nous devrions les découvrir en vol très vite.
Le bloc-notes
L'équilibre financier des retraites repoussé de vingt ans, selon le Conseil d'orientation des retraites. C'est la première grosse mauvaise nouvelle pour les projets de réformes d'Emmanuel Macron.
La note du jour
05/20 aux gestionnaires de l'aéroport de Beauvais. Il s'est privé, selon la Cour des comptes, de 78 millions de recettes au profit exclusif du transporteur irlandais Ryanair.
