Salaires en entreprise : on est encore loin de l'égalité
CHRONIQUE - 10% de différence entre les salaires des hommes et ceux des femmes à poste égal (25% même pour certains postes de cadres). La loi doit passer par là !
Une étude Insee révèle qu'une femme sur quatre gagne désormais un salaire supérieur à celui de son mari. Faut-il en conclure que les inégalités reculent ? En tout cas, les clichés persistent.
Les inégalités reculent, mais...
Récemment, la "une" du Time Magazine représentait Hillary Clinton écrasant un homme avec le talon de son escarpin. Une femme dirigeante est pire qu'un homme, ça aussi, c'est bien connu. Une femme, c'est quand même souvent hystérique. Ça, c'est pour les freins créé par les hommes.
Pire que cela, il y a les freins créés par les femmes elles-mêmes. C'est ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelait la "soumission enchantée" : les femmes qui, inconsciemment, s'autocensurent et restent en bas de la hiérarchie, se font passer devant par les hommes sans broncher.
Alors oui, les inégalités reculent, mais elles restent importantes. En moyenne, les femmes vivant en couple ont perçu un revenu annuel de 16.700 euros, contre 29.000 euros pour leur conjoint, soit 42% de moins.
Trois facteurs
L'infériorité des femmes sur le plan professionnel vient de trois facteurs. D'abord, le temps partiel : huit temps partiels sur dix sont occupés par des femmes.
Ensuite, le chômage. Cela a été longtemps vrai : les femmes étaient davantage au chômage que les hommes. Mais ça l'est moins aujourd'hui. Depuis 2008 et le début de la crise actuelle, bien les hommes sont davantage inscrits à Pôle Emploi. Parce que les femmes, elles, ont tiré davantage profit des créations de postes dans le secteur des services et les commerces (femmes de ménages, enseignantes, kinés...) Les hommes, eux, sont davantage présents dans l'industrie.
Troisième facteur d'inégalité : les congés parentaux. Ils sont pris à 96% par les femmes, qui sortent de la course professionnelle.Une réforme vient d'être votée pour inciter les pères à prendre du temps pour leurs enfants. Il faut attendre un peu voir s'ils en profiteront.
On a fait pas moins de dix lois sur la parité depuis 1972. Les lois incitatives, ça ne sert à rien. Il faut des lois contraignantes. On peut être contre le principe des quotas, mais il faut constater qu'il n'y a que cela qui fait progresser.
