Alors que la reprise économique s’étend, les pénuries de main-d’œuvre se multiplient dans tous les pays. L’économie mondiale va-t-elle manquer de bras ? C’est la question qui se pose au vu des incroyables difficultés qu’ont les employeurs à recruter, surtout dans le secteur des services, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration.
En Australie, pour convaincre les candidats de travailler dans le tourisme, l’état du Queensland vient de décider de proposer une prime d’embauche de 1.500 dollars australiens, mille euros environ. L’industrie minière annonce qu’elle va être contrainte de réduire sa production. En Nouvelle-Zélande, les éleveurs redoutent de ne plus pouvoir assurer les soins du bétail.
Aux États-Unis, Amazon donne 1.500 dollars à la signature d’un contrat de travail, et même un peu plus pour un candidat vacciné. A Londres, les restaurants offrent un avoir de 100 livres, 120 euros, pour tout client qui présente un nouvel embauché. Un autre donne lui 2.000 livres, 2.400 euros, à un salarié qui fait pareil. De nombreux pubs n’ont pas pu rouvrir, faute de serveurs. A Berlin, il manque environ 400.000 personnes, sur les 2.400.000 que l’hôtellerie restauration employait avant l’épidémie. En France, un peu moins avancée dans la reprise, de fortes tensions apparaissent aussi, toujours dans la restauration, plus de 10.000 emplois à pourvoir en Normandie par exemple, dans le BTP également.
Comment s’expliquent de telles tensions, alors que l’activité reste plus faible qu’en 2019. D’abord un phénomène tout bête : tout le monde embauche au même moment, et ça n’arrive jamais d’habitude. Ensuite, la fermeture des frontières, alors que la restauration et l’agriculture employaient beaucoup de travailleurs étrangers. En plus, bon nombre de salariés ont changé de secteur, quittant la restauration par crainte de nouveaux confinements. Mais cela n’explique pas tout. Il y a un nombre important de travailleurs qui ont littéralement disparu du marché du travail.
Aux États-Unis, il manquerait 8 à 10 millions de personnes par rapport à avant la crise sanitaire, ça fait quand même 5% de la population active. Mais où sont-ils partis ? On ne peut que spéculer. Dans les pays où les écoles n’ont pas toutes rouvert, un parent au moins reste à la maison, pour les enfants.
D’autres ont expérimenté un changement de vie forcé, et ne veulent pas revenir à la vie d’avant, quitte à gagner moins. D’autres encore profitent du chômage partiel, qui a été mis en œuvre très largement pour la première fois dans l’histoire, y compris dans les pays sans protection sociale développée.
Alors, comment les convaincre de revenir ? Certains états américains, particulièrement touchés par la pénurie, viennent de suspendre le versement du chômage partiel proposé par l’état fédéral, pour inciter les bénéficiaires à revenir travailler. Pour le reste, il n’y a qu’un seul argument qui vaille, des conditions de travail et un salaire améliorés. Les primes à l’embauche qui se multiplient en sont le premier signe. Le fait est que l’hôtellerie-restauration est une branche où les salaires à l’heure sont parfois faibles. Il va falloir passer à la caisse.
Stéphane Bazin, le patron du groupe hôtelier Accor, déclarait il y a trois jours que les entreprises du secteur devront revaloriser le travail, soit avec le salaire, soit avec des tâches enrichies. C’est l’un des effets de la crise sanitaire : elle a fait redécouvrir l’importance des travailleurs dits de "deuxième ligne", tous ces métiers indispensables et non télétravaillables. La loi de l’offre et de la demande va peut-être faire progresser leur salaire beaucoup plus sûrement qu’avec une mesure gouvernementale.
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