L’un des
plus longs conflits sociaux de ces dernières années a pris fin mardi. Il s’agissait
des femmes de ménage de l’hôtel Ibis Paris XVIIe, l’un des plus grand de cette
chaine qui appartient au groupe français Accor. Voilà deux ans qu’elles étaient
en grève, une grève il est vrai longuement interrompue par la crise sanitaire,
tout comme l’activité des hôtels. Elles ont obtenu un accord salarial qui leur
garantit plusieurs centaines d’euros d’augmentation par mois – le salaire de
départ était très faible – avec une prime repas.
Elles
voulaient également être intégrées au groupe Accor, comme salariées. Cette
revendication n’a pas été gagnante. Elles restent donc salariées du
sous-traitant d’Accor, qui s'appelle STN, mais avec des qualifications
améliorées. Et elles obtiennent surtout des cadences moins dures : elles
devront faire trois chambres par heure contre trois et demi auparavant. C’est
ce dernier point qui avait cristallisé le conflit à cause de la fatigue
physique que ce rythme imposait.
Cela veut-il
dire qu’on peut aujourd’hui être payé à la tâche ? C’est tout à fait légal et
pas incompatible avec la mensualisation du salaire, selon le code du Travail.
C’était la norme au début du XXe siècle, dans l’industrie, l’agriculture et les
services, norme qui a peu à peu été remplacée par l’essor du salariat,
autrement dit une rémunération forfaitaire à l’heure, plus ou moins
indépendante de la production individuelle.
Cela se pratique
chez certains sous-traitants de grandes entreprises, dans le secteur du
nettoyage et de la désinfection. Mais aussi, et surtout, c’est la nouveauté,
avec les plateformes, c’est-à-dire les prestataires de services sur Internet.
Les livreurs à domicile, ceux d’Amazon, ou ceux qu’on voit opérer dans nos
centres villes, qui portent les repas dans les habitations, sont payés à la
course, c’est-à-dire à la tâche. Les chauffeurs Uber, dans bon nombre de pays,
ne sont pas plus salariés. Ce sont des indépendants qui sont rémunérés en
fonction des courses qu’ils effectuent. Toujours sur Internet, de nouvelles
plateformes se développent, qui offrent des micro-salaires pour des
micro-travaux.
Amazon a un
site de ce genre, qui s’appelle curieusement le Mechanical Turk, le Turc
Mécanique. Ça n’est d’ailleurs pas le seul. On y propose du travail pour le
compte d'autres sites Internet ou d’entreprises classiques. Par exemple :
reformater des dizaines de milliers de photos, détourer des tombereaux
d’images, harmoniser la présentation d’innombrables notices et textes. Pour
quelques dixièmes de centimes d’euros l’unité.
L’employeur fait appel à une
main d’œuvre disponible à toute heure – ça fonctionne dans le monde entier – et
innombrable, ce qui permet des délais très courts, sans avoir à se soucier de recruter
ni de salarier. Quant aux employés, prolétaires modernes, ils ont avec ces plateformes
de micro-tâches dix, vingt, trente, cinquante employeurs différents.
Faut-il
croire, au vu de ces nouvelles pratiques, que le salariat va disparaître ? Ça
n’est pas du tout la tendance de long terme. Dans les années 1970, en France,
le travail indépendant représentait 25% des actifs, et ça n’est plus que 12%
aujourd’hui. Et la proportion baisse partout dans le monde, sauf au
Royaume-Uni. Mais c’est vrai que sur les toutes dernières années, on voit le
nombre de non salarié remonter un peu, justement à cause de l’essor des plateformes
sur Internet et des activités de service.
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