Qui est Daniel Kretinsky, ce milliardaire tchèque qui s'empare de Casino ?
Présents dans l'énergie, les grands médias, l'édition et la grande distribution, l'homme d'affaires tchèque est dans tous les gros dossiers industriels de ces derniers mois.
Le match a été gagné par Daniel Kretinsky, associé à Marc Ladreit de Lacharrière pour reprendre le groupe Casino. Le milliardaire tchèque, Daniel Kretinsky, apparait au fil des mois dans tous les gros dossiers industriels en France. Né dans la ville de Brno, la cité natale de Milan Kundera, il est également francophile puisqu'il séjourne très régulièrement dans l'Hexagone et il a en partie fait ses études de droit à Dijon.
Initialement, le CO2 et les hydrocarbures lui ont servi de carburant pour alimenter sa fortune, désormais estimée à près de 8,5 milliards d'euros selon le magazine Forbes. Ses détracteurs lui prêtent des amitiés avec le Kremlin, dont il se défend à chaque fois même s'il fait du commerce avec les Russes.
Il a fait fortune dans ce que les autres ne voulaient pas. Il a racheté à prix cassés des centrales à gaz, à charbon et des kilomètres de gazoducs. Il a donc repris des sources d'énergie carbonée dont tout le monde voulait se débarrasser pour répondre aux objectifs écologiques. De cette manière, il a pu mettre un pied en France, en reprenant les centrales à charbon de Gardanne et de Saint-Avold. Il estime que malgré le développement des énergies renouvelables, les hydrocarbures sont toujours nécessaires. Une stratégie payante puisque Saint-Avold a été relancée pour combler le manque de gaz russe depuis l'invasion en Ukraine.
Magnat de la presse et de l'édition
En reprenant Casino, Daniel Kretinsky s'éloigne du domaine des énergies pour élargir son empire. Il est d'ores et déjà devenu un acteur majeur des médias, en tant que propriétaire des magazines Elle, Télé 7 jours, Version Fémina, France Dimanche, Public, ou Marianne. Il est actionnaire du journal Le Monde et le milliardaire a aussi renfloué Libération. Au passage, il s'est emparé de 5% des droits de vote à TF1 et a essayé de racheter à deux reprises le groupe M6.
Le magnat a fait son marché sur les cendres de l'empire Lagardère et vient de reprendre aussi le deuxième groupe d'édition de France, Editis, qui possède 54 marques dont les maisons Le Robert, La Découverte, les Éditions Perrin, Bordas et Nathan, par exemple. Dans la même année, Daniel Kretinsky va donc absorber Editis et Casino.
La grande distribution est l'autre domaine où il investit fortement depuis des années. Il est devenu ces derniers mois le premier actionnaire de Fnac-Darty, et il a également placé de l'argent dans Foot Locker, Maison du Monde ou Sainsbury. Depuis quelques années, il était déjà au capital de Casino, qui demeure toutefois très endetté.
Un investisseur à contre-courant
À l'heure des mails et des messages vidéos, Kretinsky a aussi investi dans la Poste hollandaise et dans la Poste anglaise. Cet homme n'investit jamais au hasard et se tient toujours à contre-courant. Ainsi, sa prise de contrôle du groupe Casino, qui se trouve dans une position délicate, a du sens. Les actifs actuels et Casino tiennent la plupart des commerces alimentaires de centre-ville comme Casino, Monoprix, Franprix, ou Naturalia. Ces petits magasins ont un vrai potentiel de croissance après la crise inflationniste, lorsque le pouvoir d'achat des clients des grandes villes sera plus élevé, avec un rebond du bio et une volonté de faire vivre le commerce local.
Par ailleurs, Daniel Kretinsky est déjà actionnaire de Métro, le géant allemand de la distribution en gros volumes. Si jamais les hypermarchés devenaient des hubs comme des entrepôts pour alimenter le drive ou servir de base de stockage en province pour alimenter les supérettes de centre-ville, il aurait la main sur toute la logistique de la grande distribution. Kretinsky investit à contre-courant, dans des secteurs en perte de vitesse, mais à forte influence, comme les médias, le commerce et les énergies. Une chose est sûre, il n'investit jamais pour perdre de l'argent.
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