Quiconque a regardé les matchs de la Juventus depuis janvier dernier ou l'Euro 2016 a difficilement pu passer à côté de ce mouvement cher à Paul Pogba : bras gauche tendu vers l'arrière, le visage enfoui dans le coude droit dans un geste brusque. Non, le footballeur n'est pas en train d'éternuer. Pogba est en train de dabber, succombant à une tendance qui a déjà contaminé le monde du football américain, une bonne partie d'internet et continue depuis à faire des émules.
Avant Paul Pogba, le quaterback américain Cam Newton a déjà fait sensation en faisant de ce geste une danse de la victoire, offrant au public (et au Web) une démonstration à chacun de ses succès sur le terrain. Les vidéos sont immédiatement reprises par les internautes, balancées sur les réseaux sociaux, soulevant les sourcils et les interrogations de nombreux spectateurs.
Très vite, le phénomène prend de l'ampleur. Comme toutes les tendances popularisées par internet, personne ne sait très exactement d'où elle vient mais tout le monde se l'approprie, ce qui donne lieu à toutes sortes de vidéos et surtout, aux détournements les plus farfelus.
Que signifie ce geste ? D'où vient ce phénomène viral, qui tient à un mouvement du bras remarquablement facile à réaliser, et qui continue à engendrer des vidéos aux quatre coins d'Internet ?
Popularisé par le sport, récupéré par le Web, et créé par le rap. Si les origines exactes du dab restent incertaines, toutes les sources se rejoignent à Atlanta, dans le Sud-Est des Etats-Unis. C'est dans cette ville, qualifiée de "centre de gravité du hip-hop" par le New-York Times, qu'est né le geste, comme l'explique BET. Et c'est par le biais de plusieurs rappeurs qu'il a commencé à quitter les frontières de sa ville natale.
Migos, Rich The Kid, PeeWee Longway : des artistes dont les noms n'évoquent peut-être rien aux oreilles francophones mais qui, par leurs clips, ont étendu la renommée du dab. La vidéo How Fast du rappeur Skippa da Flippa, dans laquelle il dab à de multiples reprises, est citée comme l'une des premières à avoir fait connaître la chorégraphie.
Les tendances nées sur le Web n'ont jamais vraiment besoin d'une signification particulière. Le simple fait qu'elles existent leur suffit pour se répandre et faire des émules. Cependant, au cas où une explication serait nécessaire, le rappeur PeeWee apporte un vague éclaircissement dans une interview, diffusée sur Youtube par DJ Smallz Eyes.
"Quand tu vas aux Grammys, tu dois y aller en dabbant. Quand tu mets ta tenue préférée, tu dabbes à ce moment-là", explique-t-il derrière ses lunettes de soleil, avant de se désoler de ce que "beaucoup de gens ne comprennent pas ce qu'est le dab, ils en font trop." Une danse pour exprimer une victoire, ce que les sportifs susmentionnés ont bien compris.
Le dab a beau ne pas être certain de ce qu'il est, il sait ce qu'il n'est pas, et Bow Wow est là pour le prouver. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le rappeur a affirmé que le dab était la représentation de la toux qui suit la consommation d'un joint trop fort. S'attirant ainsi les foudres de Rich the Kid et des Migos, fiers de leur pas et prêts à le défendre.
En somme, le dab est une tendance virale comme une autre : apparue d'un coup, popularisée avec frénésie, et vouée à l'extinction. Pourtant, si elle a déjà perdu de sa superbe, cette mode-là continue à donner lieu à des vidéos sur le Web. Et contrairement à d'autres phénomènes viraux, celui-ci est monté dans les plus hautes sphères ; la candidate démocrate à la présidence américaine elle-même a dû se prêter au jeu.
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