Certaines idées seront difficiles à mettre en pratique - voire impossibles - alors que des chiffres sont parfois contestables. Cela fait partie du folklore d'une élection présidentielle.
Commençons par le chiffrage des programmes. Il a été réalisé par l'Institut Montaigne. Marine Le Pen estime que ses mesures et les baisses d'impôts couteront 68 milliards à l'État sur le quinquennat. Pour l'Institut Montaigne, on est à près de 120 milliards. Un exemple avec sa réforme des retraites : une mesure à 10 milliards pour la candidate et à 26 milliards pour les économistes. Emmanuel Macron annonce, lui, 50 milliards de dépenses nouvelles. L'Institut Montaigne chiffre plutôt cela à 56 milliards.
En 2007, la France était dans une situation plutôt favorable (croissance à 2,4% et chômage à 8%). Tous les candidats envisageaient ce niveau de croissance sur tout le quinquennat. Malheureusement pour eux, il y a eu la crise des "subprimes" en 2008/2009 et tout s'est effondré. Or, des aléas, il y en a toujours sur 5 ans.
Les mesures ne sont pas toutes financées. plus la mesure marque les esprits
et moins elle a de chance d'aller au bout. Prenons la TVA à 0% sur un panier
de 100 produits du quotidien proposée par Marine Le Pen. Elle est censée
apporter environ 25 euros de gain par mois aux familles selon sa porte-parole,
mardi matin sur RTL.
Mais si on prend l'exemple malheureux de la baisse de la TVA dans la restauration sous Jacques Chirac, 90% de la baisse avait été absorbée par les professionnels qui n'avaient pratiquement pas bougé leurs prix. Le cabinet Asteres évalue le gain à 13 euros par an pour 3,8 milliards de recettes fiscales en moins.
Quant à la baisse de la TVA sur les
carburants à 5,5% qui est sensée être pérenne, l'Europe interdit une TVA
avantageuse sur les produits polluants comme les hydrocarbures.
Marine Le Pen veut aussi réduire de
5 milliards son budget alloué à l'Europe. Mais le budget européen a été voté
par tous les membres jusqu'en 2027. Difficile de revenir dessus. Qui plus est,
les conséquences seraient lourdes pour la France qui est le premier
bénéficiaire des aides de la Politique Agricole Commune par exemple.
Idem pour Macron. Un chèque alimentation pour permettre aux 8 millions de familles modestes d'acheter de la nourriture française de qualité. Mais personne ne connait le montant de ce chèque. Imaginons que ce soit 100 euros par an (ce qui ne serait pas énorme pour acheter des produits de qualité), l'ardoise atteint déjà 800 millions d'euros.
Marine Le Pen veut exonérer les moins
de 30 ans de l'impôt sur le revenu. Premier défaut, il ne peut pas y
avoir de distinction par l'âge pour l'impôt sur le revenu. Deuxième défaut, les moins de 30
ans sont moins imposables que les autres car leurs revenus sont plus modestes à
l'exception de quelques diplômés des grandes écoles, artistes ou sportifs de
haut niveau.
Enfin, il y a
des mesures sur lesquelles les candidats n'ont pas la main. Exonération de charges patronales
pour une entreprise qui augmenterait de 10% ses salariés côté Marine Le Pen.
Triplement de la prime Macron défiscalisée jusqu'à 6.000 euros pour le Président
sortant. Des mesures de pouvoir d'achat. Mais, dans un cas comme dans
l'autre, on met en place des incitations mais ce sont les entreprises qui
décident. Dans le cas de la "Prime Macron", 4 millions de salariés
sur 20 millions en ont bénéficié.
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