En 2016, on va payer les impôts de 2015. En 2017, pas de changement : nous paierons encore une fois les impôts sur les revenus de l'année précédente. Et en 2018, nous sauterons directement aux revenus de 2018, prélevés sur la fiche de paie à partir du 1er janvier. Pas d'impôt donc sur les revenus de 2017, au moins pour les revenus salariés. Ça veut dire qu'il y aurait bien, pour eux, une année dite blanche, c'est-à-dire une année qui ne subirait pas le prélèvement. Cela ne change pas grand-chose en terme de trésorerie pour les ménages français, surtout pas pour la très grosse majorité qui est mensualisée. Quant aux revenus du capital et de l'épargne de 2017, ils devraient, eux, être imposés spécifiquement. Il n'y aura pas d'année blanche pour eux.
"Devraient" : le conditionnel s'impose puisqu'on n'en n'est pas sûr. Tout cela dépendra du Budget voté en 2017, après l'élection présidentielle. Peut-être le futur gouvernement changera-t-il les modalités de collecte de l'impôt ? C'est une réforme tardive. Le plus curieux d'ailleurs, c'est que François Hollande avait reproché à Nicolas Sarkozy de mettre en place en 2012 une réforme de la TVA pour son successeur, et qu'il fait exactement la même chose, en plus gros, avec l'impôt sur le revenu.
Cela va-t-il au moins simplifier la collecte de l'impôt ? Pas sûr. Il faudra toujours faire une déclaration de revenus, et donc la traiter. Il faudra que les informations soient transmises à l'employeur, pour prélever l'impôt sur votre fiche de paie. Et surtout, dès que vous connaîtrez un changement de situation (retraite, chômage de l'un ou l'autre des conjoints, mariage, divorce, enfant né) ou tout simplement une variation de revenu liée à un changement d'emploi, il faudra prévenir le centre des impôts, qui lui-même devra avertir l'entreprise qui prélèvera l'impôt. Il faudra le faire au plus vite, puisque l'impôt sera versé désormais en temps réel et que votre salaire net dépendra en fait de Bercy. Il va falloir du monde pour faire tout cela.
Les autres pays européens pratiquent le prélèvement à la source, et ça marche. Mais leur impôt est beaucoup plus simple que le nôtre. Il n'y a pas de quotient familial, par exemple. Chez nous, il n'a jamais été plus lourd, jamais été plus complexe. Prélever à la source un monstre fiscal comme notre impôt sur le revenu, c'est prendre le risque de le rendre encore moins compréhensible et encore moins légitime. Le bilan fiscal du quinquennat pour les ménages, inintelligible, s'achève sur une glaciation du système qui le rend encore plus difficile à réformer.