Pacte de responsabilité : François Hollande sème le trouble au sein de l'opposition
DÉCRYPTAGE - En dégainant son pacte de responsabilité lors de ses vœux à la nation, François Hollande a repris des positions de l'UMP et pris de court l'opposition.

Pour une fois, François Hollande a laissé l'opposition sans voix. En brandissant conditionnant une baisse des charges pour les entreprises à une hausse des embauches, le président de la République semble avoir coupé l'herbe sous le pied de l'UMP. D'autant que - une fois n'est pas coutume - le Medef et son patron Pierre Gattaz se sont dits prêts à jouer le jeu.
Non content d'aller dans le sens de l'organisation patronale, le chef de l'État a également semé le trouble dans les rangs de l'opposition. Habituée à monter au créneau pour condamner les propos du Président à chacune de ses interventions, l'UMP s'est terrée cette fois-ci dans un étonnant mutisme.
L'UMP prise de court
Le virage à droite présumé de l'Élysée a jeté un froid au sein de l'opposition, qui réclamait encore par la voix de son président, Jean-François Copé, un "changement de politique économique" le 26 décembre dernier.
En promettant moins de charges sur les
entreprises, moins d'impôts et moins de dépenses publiques, François
Hollande épouse une ligne sociale-démocrate qui reprend quelques unes des propositions énoncées par la droite ces dernières semaines. "Baisser
les charges des entreprises, mettre le paquet pour la compétitivité et
assumer une politique de l'offre, c'est notre politique", s'est ainsi étonné Éric Woerth, député UMP, dans les colonnes du Monde.
Les ténors de l'UMP défient le président
Il aura fallu une semaine pour que les personnalités du parti sortent du bois. "C'est vrai qu'il nous a fait des vœux relativement à droite", a finalement consenti à dire l'ancien Jean-Pierre Raffarin, au micro d'Europe 1 mardi. Pour combler ce retard à l'allumage, l'opposition a pris le parti de défier le chef d'État. "Qu'il fasse ! Chiche M. le président", s'est exclamé l'ancien Premier ministre, donnant le coup d'envoi et le mot-clé de la riposte des ténors de l'UMP.
"Moi je dis effectivement : chiche à M. Hollande", a embrayé Valérie Pécresse, ancienne ministre du Budget, sur le plateau d'i>Télé. Même son de cloche sur France Inter, avec le député Bruno Le Maire.
"Si demain François Hollande nous dit : 'Chiche, les 36 milliards de
cotisations famille, je les retire des charges qui pèsent sur les
salaires, je les transfère sur une autre base et j'allège de 36
milliards d'euros les charges qui pèsent sur les salaires', là je dirais
qu'on va dans la bonne direction", a abondé l'ancien ministre de
l'Agriculture.
Jean-François Copé ironise
À l'occasion de sa conférence de presse de rentrée, le président de l'UMP est finalement passé à l'offensive mercredi pour dénigrer le virage social-libéral du président. Un tournant auquel il ne croit pas une seconde. "Que croyez vous ? Une nouvelle version du hollandisme serait-elle née après 20 mois au pouvoir ? Non, François Hollande a fait comme à son habitude : il a inventé un nouveau concept creux", a fustigé Jean-François Copé.
Fait rare, le député maire de Meaux (Seine-et-Marne) s'en est également pris au Medef, qu'il a exhorté à ne pas troquer les exigences du redressement économique contre le "piège" du pacte du président socialiste. "Je veux mettre en garde le représentant des entreprises : ne renoncez-pas à votre vigilance contre un plat de lentilles", a-t-il lancé à l'adresse de Pierre Gattaz.
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