Redressements judiciaires, liquidations : les procédures collectives des entreprises ont augmenté de 20% par rapport à l'an dernier. Du jamais-vu en presque 10 ans. Par conséquence, les tribunaux sont absolument submergés.
C'est le cas notamment au tribunal de commerce de Bordeaux. C'est l'un des plus beaux palais de la ville, escalier monumental, porte en fer forgé et dans le couloir, des entrepreneurs convoqués attendent sagement.
"Le cœur serré, les mains qui tremblent, c'est vraiment très impressionnant", déclare Viviane, 47 ans, qui a monté un restaurant à Ostens en 2022. "Je pensais que l'année dernière, il fallait que j'arrête. Et puis j'ai dit, on fait la saison et on va remonter. La saison a été pluvieuse, pluvieuse, pluvieuse. Et donc, ça m'a enfoncé plutôt que de me remonter", raconte-t-elle.
Jean-Christian, lui, est plombier à son compte depuis huit ans demande la liquidation de son entreprise : "Il a le boulot, le perso. C'est un tout. La décision n'est pas évidente à prendre, puisque j'ai mis un peu plus d'un an à la prendre, explique-t-il, on ne va pas se mentir, ça reste quand même un échec."
C'est dans la salle du tribunal que l'avenir de Jean-Christian et Viviane va se jouer. Chaque cas est étudié à huis clos : "Ça fait partie du secret des affaires. On traite de ce qu'il y a dans leur compte qui est confidentiel. Ça doit vraiment être un échange pour parler des difficultés et des perspectives du dirigeant", explique Me Munet, l'avocate de Viviane.
Jean-Christian ressort un peu secoué de son audience. "Ça reste quand même un tribunal. Je trouve qu'ils ont une façon très solennelle de parler, de s'adresser à vous. On sent qu'ils mettent une barrière, ce n'est pas un truc que je maîtrise, que je connais. Donc, je suis un peu perturbé", confie-t-il.
Pour Jean-Christian et Viviane, la liquidation est prononcée. Le tribunal aurait pu aussi décider une sauvegarde qui repousse les dettes de six mois ou un plan de redressement, mais leurs entreprises respectives ne sont plus viables. Il y a rarement des poursuites pour mauvaise gestion qui sont réservées aux récidivistes de la liquidation.
Ici, le tribunal a enregistré 1.470 procédures depuis le début de l'année, 362 de plus que l'an passé. "Pour les commerçants, vous voyez dans les rues piétonnes, le nombre de boutiques maintenant qui sont vides. Tout le monde est inquiet. On espère les aider à trouver des solutions. Nous, on n'a que celles que nous donne la loi et on ne fait pas voter les lois. On ne fait que les appliquer", explique Marc Salaün, président du tribunal.
Dans ce contexte, le tribunal propose des séances de psy gratuites, Viviane en a bénéficié. "On est lâchés à nous-mêmes. Les seules choses qu'ils nous ont proposées, c'est de voir une psy. J'ai eu droit à six séances avec une psy pour pas que j'ai des idées suicidaires. J'avais besoin. J'ai la larme facile", raconte-t-elle.
L'ex-restauratrice est aujourd'hui au RSA et hébergée par sa famille. Jean-Christian, le plombier, travaille lui en intérim, sans les soucis de gestion de son ancienne entreprise.
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