"Mon revenu annuel est de zéro" : Éric Larchevêque détaille sur RTL son patrimoine "virtuel" de 375 millions d'euros et s'inquiète de la taxe Zucman

Faut-il taxer les plus riches pour faire des économies ? Le débat enflamme la France depuis la chute du gouvernement Bayrou et irrite nombre de grands patrons français. Éric Larchevêque, qui a cofondé Ledger, entreprise spécialisée dans la sécurisation des crypto-monnaies, compte parmi les 500 plus grandes fortunes de France. 

Sur RTL, au micro de Marc-Olivier Fogiel ce 23 septembre, l'entrepreneur connu pour sa participation à l'émission Qui veut être mon associé ? sur M6 est notamment revenu sur la taxe imaginée par l'économiste Gabriel Zucman et défendue par une partie de la gauche qui vise à taxer à hauteur de 2% par an les patrimoines supérieurs à 100 millions d'euros.

"C'est une taxe qui s'applique sur les plus-values latentes et ce n'est pas une bonne manière de vouloir taxer, estime-t-il. J'entends qu'on puisse mettre les riches à contribution, qu'on puisse vouloir augmenter les impôts, mais la taxe Zucman, en application, elle va poser énormément de problèmes et c'est pour ça que tout le monde est vent debout".

L'entrepreneur utilise son cas pour illustrer ce qui, selon lui, pose un problème avec cette mesure. "Mon patrimoine, il est virtuel, c'est-à-dire que j'ai des actions de l'entreprise Ledger qui ont une valorisation, qui ne sont pas cotées, qui ne sont pas en bourse, qui ne sont pas liquides, détaille-t-il. Si je veux les vendre, c'est très compliqué, il y a des décotes. Et donc, c'est une sorte de richesse qui ne m'apporte rien, si ce n'est le vote dans mon entreprise ou le sentiment de me dire 'Ok, j'ai réussi', mais à la fin, ce n'est pas avec ça que je peux aller faire mes courses".

Il ne s'agit pas de s'extraire à l'impôt, il s'agit tout simplement d'avoir une vraie justice. On parle de justice fiscale, de justice sociale, appliquons une taxe qui fonctionne

Éric Larchevêque sur RTL

S'il était assujetti à cette taxe, Éric Larchevêque estime qu'il devrait verser 7 millions d'euros chaque année. "Ces 7 millions d'euros, je ne les ai pas forcément sur mon compte en banque et puis c'est tous les ans, donc soit je dois vendre des titres de mon entreprise avec un discount énorme en posant un certain nombre de problèmes puisqu'il n'y a pas de liquidité, donc je dois trouver des acheteurs. Et si chaque année, j'emprunte 7 millions pour payer des impôts sur quelque chose qui ne me rapporte rien, que dans cinq ans, j'ai payé 35 millions, je suis endetté, mon entreprise se casse la figure, non seulement j'ai tout perdu mais, en plus, je dois rembourser 35 millions d'euros. Donc j'aurais payé 35 millions d'euros sur quelque chose qui ne m'aura moi rien rapporté. Il ne s'agit pas de s'extraire à l'impôt, il s'agit tout simplement d'avoir une vraie justice. On parle de justice fiscale, de justice sociale, appliquons une taxe qui fonctionne !"

Le patrimoine d'Éric Larchevêque, dont l'associé a été victime d'un enlèvement il y a quelques mois, est estimé à 375 millions d'euros. "Je paye des impôts quand je vais avoir des revenus, nuance-t-il. Donc, si par exemple, j'ai un salaire, je vais payer les impôts dessus. En 2021, c'était un moment où l'économie allait bien, j'ai pu vendre une partie de mes actions et donc là, j'ai payé la flat tax, exactement. Donc, j'ai payé pas loin de 10 millions d'euros d'impôts".  

Ce que veut dénoncer Gabriel Zucman et d'autres qui voudraient taxer les riches, c'est une façon de contourner l'impôt en ne se versant pas de dividendes. "Ledger ne verse pas de dividendes parce qu'il n'y en a pas à verser, on réinvestit tout dans l'entreprise, assure-t-il. Mais ensuite, admettons que j'ai une entreprise. Admettons, demain, je vends Ledger 300 millions et je touche 300 millions d'euros. Qu'est-ce que je fais de cet argent ? Je ne vais pas forcément me le verser à moi parce que qu'est-ce que je vais bien faire de 300 millions d'euros ? Je vais en réalité les mettre dans une holding pour les réinvestir dans l'économie. En mettant ça dans une holding, de toute façon, il y aura quand même un paiement de la taxe, de la flat tax" (prélèvement forfaitaire unique à 30 % des revenus du capital, ndlr).

Mon revenu annuel est de zéro parce que je ne suis pas employé de Ledger, je ne touche pas de dividendes.

Éric Larchevêque sur RTL

"Mais ensuite, poursuit-il, ça va être réinvesti dans des entreprises, faire tourner l'économie. Qu'est-ce que je vais me verser 300 millions ? On dit les riches, ils s'achètent des yachts, des jets privés, mais soyons réalistes. À un moment, qu'est-ce que je vais faire de tout cet argent ?"

Éric Larchevêque explique que son "revenu annuel" est de "zéro". "Il est de zéro parce que je ne suis pas employé de Ledger, je ne touche pas de dividendes. Par contre, je fais un certain nombre d'activités, je fais des conférences, je fais des coachings pour entrepreneurs et donc j'ai une autre entreprise dans laquelle j'ai une activité qui me permet en fait de gagner un petit peu d'argent, ce sont des revenus sur l'entreprise, mais je ne me paye pas. En réalité, j'ai une exploitation d'un domaine avec une dizaine de salariés et bien, il faut que je paye tout ça. Donc tout l'argent que je gagne sert à payer des salaires etc".

"En fait, poursuit l'entrepreneur, je verse ça sur des salaires. Il y a un coût du travail qui est assez élevé. Mon entreprise est contributeur net économique assez fort. Moi, d'un point de vue très concret, j'ai vendu des actions Ledger il y a quatre ans. Ça m'a fait un petit patrimoine. J'ai réinvesti ça dans des travaux de mon domaine. Donc, j'ai investi des millions pour rénover un domaine parce que c'est mon choix. C'est comme ça que j'ai décidé d'utiliser mon argent. Et il me reste encore un petit peu d'argent que j'utilise pour vivre, mais j'ai payé déjà des impôts là-dessus".

À lire aussi

gendarmerie

Rapt lié aux cryptomonnaies à Valence : les coulisses d'une "opération à haut risque"