Logements : tout savoir sur le grand boom des passoires thermiques

Contre toute attente, les passoires thermiques - près de cinq millions de logements en France - se vendent quasiment deux fois plus vite que les logements bien isolés. 

Pourquoi ? À cause du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Ce sont ces lettres sur un gradué de couleurs allant du vert au rouge que l'on voit sur les petites annonces de maisons ou d'appartements.

Il s'agit du calcul de ce que consomme votre logement en énergie et de ce qu'il émet en CO2. Depuis la loi "Climat et résilience" de 2021 (qui a revu ce calcul), le DPE est devenu un critère de valorisation des biens immobiliers.

"L'écart de prix est d'à peu près 19% entre une passoire thermique appartement et une habitation verte appartement et de l'ordre de 33% entre une maison passoire thermique et une maison habitation verte", détaille à RTL Mihai Gavriloiu, co-fondateur de la plateforme immobilière éco-engagée GoFlint. Et de poursuivre : "On pense que l'écart de prix entre un DPE A et B et un DPE F et G résulte de ce qui va peut-être devenir le nouvel équilibre du marché immobilier français par rapport à la réglementation."

Un certain nombre de propriétaires bailleurs ont par ailleurs décidé de vendre plutôt que de réaliser des travaux de rénovation. Plus de biens sur le marché, ça signifie aussi une baisse des prix !

Une marge de négociation

Pour l'acquéreur, un autre avantage : la marge de négociation ! Car ce mauvais diagnostic devient un argument pour tirer le prix à la baisse.

Magalie, récemment interrogée par RTL, a pu réaliser la bonne affaire pour une "maison individuelle de 80m2 à Saint-Ouen". Son prix de base ? "355.000 euros", un bien "classé F". "On a réussi à négocier de 25.000 euros." "On a vu des annonces pour 80m2" pour un prix de "400.000 euros". Pour elle, "c'était hors de prix" sans avoir "ce levier-là pour négocier sur le diagnostic"

Un changement de comportement observé par un agent immobilier, Thomas Bertin, dont l'agence (XVIIe arrondissement de Paris) est une franchise du groupe Laforêt. De nouveaux profils s'intéressent à ces fameuses passoires énergétiques. "On a beaucoup de gens qui cherchent une résidence principale. Ils sont un peu moins angoissés par la question du DPE. Ils se disent aussi que cela va leur permettre d'acheter un tout petit peu moins cher."

Et puis sur ces deux dernières années, "on voyait très peu d'investisseurs et encore moins sur les passoires énergétiques. Et là, on sent que ça revient", ajoute ce dernier. En parallèle, sur cette même période, les aides de l'État (MaPrimeRénov') se sont multipliées pour financer une part importante de ces travaux de rénovation.

Une tendance amenée à durer

Autre point : à Paris et sa banlieue, le marché est très tendu, donc moins représentatif. Avec un nombre de passoires thermiques plus important. 

C'est également parce que certains vieux appartements classés sont plus difficiles à rénover en raison de contraintes liées à l'urbanisme. Même chose pour d'autres grandes villes comme Lyon ou encore Bordeaux.

Cette tendance aux ventes accrues de passoires thermiques est amenée à durer. À partir de janvier 2025, les logements classés G seront interdits à la location (F en 2028 et E en 2034).

Un moyen d'inciter les propriétaires à faire des travaux de rénovation qui devrait assez logiquement avoir une incidence sur les prix du marché. 

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