Le timbre va-t-il devenir un produit de luxe ?
Le prix du timbre va encore augmenter. Au 1er janvier 2019, il franchira le seuil symbolique d'un euro.

Le prix du timbre-poste grimpe. Il augmente maintenant tous les ans et pas qu'un peu et ceux qui espéraient une pause en 2019 peuvent déjà déchanter. La Poste a annoncé à la fin de la semaine dernière que ses tarifs augmenteront à nouveau de prés de 5% au 1er janvier 2019.
Mais ce n'est qu'une moyenne. Si l'on prend les timbres de tous les jours, c'est bien plus que ça. La lettre Verte va passer de 80 à 88 centimes. Pas besoin de calculatrice, c'est simple, cela fait 10% de hausse.
Et pour la Lettre prioritaire (le timbre rouge) c'est encore plus spectaculaire : 10% d'augmentation en franchissant au passage allègrement le cap symbolique d'un euro. Pour affranchir à partir de l'an prochain une lettre à J+1, il faudra débourser 1,05 euro au lieu de 95 centimes actuellement.
Des augmentations successives
Ce qui commence à faire cher, d'autant plus que l'on est sur ce rythme effréné depuis plusieurs années déjà. Restons sur le timbre rouge : il avait déjà pris 12% en début d'année, un peu plus de 6% l'an dernier un peu plus de 5% en 2016 et c'est le pic 15 % en 2015. Vous pouvez chercher :aucun produit ne galope aussi vite à part le baril de pétrole peut-être mais lui de temps en temps il baisse.
Si on regarde sur la durée, à la fin du franc, le timbre avec la Marianne rouge valait 3 francs, c'est à dire 46 centimes d'euro. Il va donc atteindre 1,05 euro. Son prix a donc largement plus que doublé en 18 ans.
Compenser la baisse de son activité courrier
La Poste justifie ces hausses par les piètres performances de son activité courrier. On écrit de moins en moins, la faute aux mails, aux SMS et aux téléphones portables. Depuis la fin des années 2000, le nombre de lettres confiées à La Poste recule de 5 à 6% par an ; ce qui correspond pour elle à une perte annuelle de chiffre d'affaires de l' ordre de 500 millions. Économiquement, c'est intenable, sauf à compenser ce manque à gagner par des hausses de tarif. C'est ce qu'elle fait.
Un combat perdu d'avance
Un pari risqué. Ce n'est pas en faisant flamber le prix du timbre que l'on va inciter les Français à retrouver le chemin des boites aux lettres. Oui, mais la direction ne fait pas ce raisonnement. Elle estime qu'essayer de relancer son activité courrier c'est un combat perdu d'avance. Même si le timbre était gratuit, vous n'auriez pas plus de clients. C'est culturel, structurel.
On a basculé dans une autre époque où la lettre écrite et postée n'a plus beaucoup de place. Alors en attendant, sauvons les meubles en augmentant les tarifs. Et les meubles, ce n'est pas rien puisque ce sont des dizaines de milliers d'emplois de facteurs et d'agents dans les centres de tri.
De petites augmentations
Mais ce n'est pas viable sur le long terme. Vous ne pourrez pas avoir 10% d'augmentation sur les timbres tous les ans ! Ça ne pourra pas durer éternellement, mais en attendant il y a de la marge. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est la Poste.
Ces hausses à deux chiffres s'appliquent sur de petites sommes. Avant de franchir le seuil d' un euro, on était sur des centimes et donc ce sont des augmentations quasiment indolores et incolores. Le budget des ménages consacré à l'achat de produits postaux, c'est 44 euros par an seulement.
Une augmentation du prix des timbres, ce n'est pas aussi sensible qu'un augmentation des prix à la pompe ou du Passe Navigo. De toute façon, La Poste n'a pas de concurrent sur la lettre de moins de 20 grammes. Elle n'a plus le monopole mais comme c'est un marché en décroissance, personne n'est venu la concurrencer. Vous êtes captif ; vous voulez écrire à vos parents : vous n'avez pas d'autres choix que de passer par La Poste quel que soit le tarif.
Financer le service universel
En même temps, elle ne fait pas de bénéfice, cela lui permet juste de limiter ses pertes dans le courrier. Et puis surtout ça lui permet de continuer à financer ce que l'on appelle le service universel. Et ça, ça va intéresser tout le monde.
Derrière ces hausses, se jouent tout ce qui fait le service au public : le passage du facteur 6 jours sur 7, le maintien d'un réseau de bureaux de postes et de points de contacts postaux qui irriguent tout le territoire, le même tarif d'affranchissement pour tout le monde que vous habitiez à la ville ou à la campagne ou que votre lettre parcoure 10 kilomètres ou 500.
Et tout ça finalement, vaut bien peut-être de sortir quelques pièces de plus de son porte-monnaie pour acheter des timbres.