Voilà trois ans que le point d'indice qui sert au calcul du traitement des 2,3 millions d'agents de l'État est gelé. Ce n'est pas pour cela d'ailleurs que les salaires étaient bloqués, car les rémunérations les plus faibles ont quand même été revalorisés de quelques centaines d'euros par an. Les autres continuent à profiter de l'avancement, c'est-à-dire d'une progression de leur carrière qui se traduit par des augmentations lorsqu'ils franchissent un échelon. C'est sur ce mécanisme que le gouvernement envisage d'agir, pour en forcer les effets.
Marylise Lebranchu, la ministre de la Fonction publique, déclarait récemment sur RTL que les traitements seraient encore gelés cette année. Ce n'est pas contradictoire, justement si l'on joue sur un autre mécanisme que le point d'indice. L'essentiel, c'est ce qui se passe en bas de la feuille de paie : le salaire net.
Par ailleurs, nous entrons dans la seconde phase du quinquennat Hollande, qui va être marquée par des mesures pour le pouvoir d'achat. L'objectif est double : contrebalancer les mesures récentes en faveur des entreprises (pacte de compétitivité, mesures PME de Valls...) et bien sûr préparer la présidentielle de 2017, notamment auprès des électeurs habituels de la gauche, qui sont très présents chez les fonctionnaires.
Dès le départ, François Hollande avait découpé son action en deux temps : le redressement et la redistribution. Le problème, c'est évidemment que le redressement est très relatif, et qu'il n'y a pas grand chose à redistribuer.
Le redressement est très relatif, et il n'y a pas grand chose à redistribuer
François Lenglet
Il y a trois jours, le Président indiquait qu'il souhaitait que tous les Français soient désormais couverts par une mutuelle de santé, et en particulier les retraités qui n'ont pas tous cet avantage. Aujourd'hui, ce sont les salaires des fonctionnaires. Demain, il y aura probablement des baisses d'impôts.
Mercredi 17 juin, le gouvernement précisera les modalités du passage au prélèvement à la source. Cette opération est curieuse, par elle n'a pas grand intérêt, ni pour l'État, ni pour le contribuable ; et elle est de plus prévue en plusieurs étapes, jusqu'à 2018, c'est-à-dire après la présidentielle. Elle a donc un objectif caché, car désormais rien ne se fera plus sans penser à 2017.
En réalité, il va être possible de profiter du décalage de trésorerie que provoque le prélèvement à la source, ce qui permettrait d'alléger l'impôt sur le revenu ou la CSG.
Qui va bénéficier de ces cadeaux ? Les petits contribuables ont déjà eu leur part, avec la suppression de la première tranche du barème de l'impôt sur le revenu, qui rendra tous ses effets à la rentrée, lors du solde de l'impôt 2015. Il serait logique qu'on vise maintenant un peu plus haut, les revenus de la classe moyenne (entre 2.000 et 4.000 euros par mois).
Quant aux autres, les classes supérieures (les 3,5 millions de ménages les plus aisés, ça fait 10% des foyers fiscaux) acquittent 70% de l'impôt sur le revenu. Ils sont relativement peu nombreux, ils ont les moyens, ils votent plutôt à droite. Autant dire qu'ils ont de bonnes chances d'être oubliés par le père Noël fiscal.