Les Japonais vont se trouver la semaine prochaine face à un problème très exotique pour nous les Français, rois des 35 heures et des congés payés. Les Japonais se plaignent en effet d'avoir des vacances trop longues.
Incroyable récrimination, causée par 10 jours de congés qui interviendront en l'honneur du nouvel empereur, Naruhito, qui va monter sur le Trône du Chrysanthème à 16 pétales le 1er mai prochain, après l'abdication de son père. Près d'un Japonais sur 2 se dit mécontent d'un tel tunnel de vacances, qui est sans précédent dans le pays, selon un sondage de l'Asahi.
Les Japonais se plaignent de ne pas savoir quoi faire pendant leurs vacances. Ils redoutent que les transports et les magasins ne soient bondés, et qu'il n'y ait plus d'argent dans les distributeurs automatiques.
Il faut savoir que les nippons ont 18 jours de congés annuels, et qu'ils n'en prennent habituellement que la moitié. Ou encore qu'ils restent dans leur entreprise le soir, bien au-delà des horaires légaux, quitte à ne rien faire. Ils sont donc complètement perdus à la veille de cette longue plage de farniente.
Le nouveau règne donne lieu a de tels congés car débute au Japon ce qu'on appelle une nouvelle ère. À chaque empereur son ère, la dernière avait débuté en 1989. Le Japon en a connu 247 depuis qu'il a adopté ce système, en 645. Chaque ère à un nom, soigneusement choisi. Et celle qui débute le 1er mai prochain va s'appeler Reiwa, "à la recherche de l'Harmonie".
Ce nom a été révélé il y a quelques jours, c'est la première fois depuis 1.400 ans qu'il est choisi avec des caractères appartenant à la culture proprement japonaise. Tous les noms précédents avaient été pris dans la culture ancienne chinoise, qui est la matrice culturelle du Japon. Mais avec le renouveau du nationalisme dans l'Archipel, on a bouleversé les traditions.
Cette nouvelle ère va aussi se traduire par un nouveau calendrier, ce qui impose la réimpression de tous les documents officiels, des timbres, des billets de train, etc. Et la modification de tous les ordinateurs, dont on doit adapter le système de datation, exactement comme lorsque nous sommes passés de 1999 à l'an 2000.
La précédente ère avait débuté au sommet de l'incroyable bulle spéculative, en 1989. Pour vous donner une idée de la chute des valeurs intervenue depuis, l'indice Nikkei cotait en décembre 1989 39.900. Il est aujourd'hui à moins de 2 fois moins, 18.000, 30 ans plus tard.
Et c'est encore pire pour l'immobilier. Cette longue purge de 30 ans n'est pas terminée, au cours de laquelle le Japon s'est endetté pour maintenir à niveau son économie minée par l'effondrement du système bancaire. Entre-temps, le pays est passé du rang de numéro 2 mondial à celui de numéro 3, dépassé par son rival de toujours, haï, la Chine.
La nouvelle ère débute avec 2 défis considérables, qui font du Japon le laboratoire avancé des pays développés : le vieillissement accéléré de la population, et la persistance d'une anémie économique à cause du surendettement. Pour aller visiter notre futur, il suffit d'aller à Tokyo.
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