La finance est sans dessus dessous. Cette semaine, l'État confédéral suisse a emprunté de l'argent à -0,05%. Un investisseur qui a prêté à ce pays 1.000 francs suisses va en perdre 5. Et entre-temps, il n'aura pas touché un fifrelin en intérêt.
On a l'habitude de dire : "Qui paie ses dettes s'enrichit". Aujourd'hui, c'est le contraire : "Qui s'endette s'enrichit". C'est au moins le cas des Suisses. Il faut ajouter que les prêteurs se sont littéralement bousculés pour prêter à la Suisse dans ces conditions baroques.
Pourquoi se sont-ils fait berner par Berne ? D'abord parce ce que la Suisse est l'État le plus solide du monde aux yeux des investisseurs. Sa réputation de bonne gestion est telle que le risque de faillite est le plus faible du monde.
Ensuite, si les investisseurs sont suisses, ils gagnent quand même un peu d'argent : l'inflation dans les alpages est encore plus négative que les taux d'intérêt (à -0,9%). S'ils sont étrangers, ils spéculent sur une appréciation du franc suisse, la monnaie la plus forte du monde. Certes ils vont perdre un peu en francs ; mais lorsqu'ils convertiront leurs avoirs en dollars ou en euros dans dix ans, ils auront toute chance d'avoir gagné quand même.
Si on veut investir dans la dette d'État, il n'y a plus guère de forte rémunération. L'Allemagne s'endette, par exemple, à 0,16% par an sur dix ans. Les Pays-Bas, c'est à 0,31% ; le Japon, 0,35%. On n'a jamais vu ça !
Il y a beaucoup trop d'argent dans les circuits financiers mondiaux
François Lenglet
Si les taux d'intérêt ont baissé à ce point, c'est d'abord parce que l'inflation a ralenti partout dans le monde à la suite de la grand crise que nous avons traversée. Surtout, toutes les banques centrales se sont mises à créer massivement de l'argent : au Japon, aux États-Unis, en Angleterre, depuis quelques semaines dans la zone euro, et sans doute bientôt en Chine. C'est une folie que l'on paiera probablement cher un jour ou l'autre, même si cela a permis de stabiliser l'économie mondiale à court terme.
La conséquence, c'est qu'il y a beaucoup trop d'argent dans les circuits financiers mondiaux. Cet argent, les investisseurs veulent le placer dans des titres sûrs. Les États n'ont donc plus besoin de payer cher pour s'endetter, puisqu'on se presse à leur porte.
La France peut-elle à son tour emprunter à taux négatif ? Sur dix ans, on emprunte aujourd'hui à 0,46%. Comme d'habitude, on fait un petit peu moins bien que l'Allemagne. Mais c'est déjà très peu. Pour les emprunts de court terme, à six mois ou à un an, on emprunte désormais à taux légèrement négatif aussi.
On a donc intérêt à s'endetter. Il est possible qu'on le fasse davantage, justement sur ces échéances courtes. Il manque, par exemple, de l'argent pour le budget de la Défense, pour acheter du matériel, le temps que les militaires vendent au privé les fréquences hertziennes qu'ils possèdent. Cela représente quand même plus d'un milliard d'euros.
Les militaires avaient inventé une espèce d'usine à gaz.Ils voulaient faire des sociétés de location. Bercy a une méthode beaucoup plus simple : il envisage d'emprunter sur quelques mois à taux négatif pour faire le joint. L'emprunt serait remboursé avant décembre (donc ni vu, ni connu pour Bruxelles !) et il rapporterait de l'argent. En clair, c'est faire d'une pierre deux coups.
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