Fessenheim : 5 ans après sa fermeture, à quoi ressemble la centrale nucléaire ?

Le 30 juin 2020, le second réacteur de la centrale de Fessenheim a été mis à l'arrêt. Cinq ans après la fermeture de celle qui était la plus vieille centrale nucléaire en activité dans le pays, Fessenheim est toujours en cours de démantèlement. La rédaction de RTL a pu se rendre en exclusivité en son sein. Équipé d'un dosimètre qui mesure la radioactivité, nous pénétrons dans cette zone ultra sécurisée, le bâtiment réacteur numéro 1. Un ascenseur étroit, encore d'origine, nous emmène tout en haut de ce qui était le réacteur nucléaire. Tout le combustible nucléaire, l'uranium, a été évacué. 

"On est dans le bâtiment réacteur. Vous avez encore ici ces trois grands équipements qui sont des générateurs de vapeur que l'on va retirer dès le début du démantèlement, donc en janvier prochain", explique Laurent Jarry, le directeur de la centrale de Fessenheim.

Autour de nous, les équipes de Cyclife Engineering se préparent déjà pour cette étape très compliquée. "Ces générateurs de vapeur font 20 mètres de long et près de 300 tonnes. Il va falloir les découper, les faire pivoter, pour les mettre de la position verticale à la position horizontale, avec des gros moyens de levage", décrit Stéphane Boero, qui dirige les travaux.

Une grue télescopique a été installée dans le bâtiment réacteur, pour faciliter les travaux. Tout est prêt pour passer à la découpe et à l'évacuation de ces générateurs de vapeur qui étaient essentiels pour la production d'électricité.

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Pour vérifier que tout le combustible a bien été évacué, il faut monter un grand escalier métallique en colimaçon pour arriver dans l'un des endroits les plus sensibles et les plus sécurisés de la centrale. Nous sommes au-dessus d'une immense piscine bleutée, d'une profondeur de 20 mètres, et tout au fond, on remarque des alvéoles métalliques vides. 

"Un bâtiment combustible, c'est un peu le Saint des Saints. Cette piscine, elle a une très grande hauteur d'eau. Sa fonction, quand on est en exploitation, c'est de refroidir. Depuis août 2022, tout le combustible a été évacué, 50% des alvéoles que vous voyez étaient pleines. Il y avait 160 éléments combustibles, qui ont été évacués à la Hague pour être retraités", détaille Laurent Jarry.

Il faudra encore évacuer les 1.000 m3 de la piscine, une eau faiblement radioactive, qu'il faudra traiter.

Un redémarrage impossible

Redémarrer Fessenheim serait aujourd'hui impossible. Dans l'immense salle des machines, de la taille de deux terrains de foot, tout le matériel a été évacué, notamment les deux turbines de Fessenheim. "On a retiré depuis deux ans 6.000 tonnes de matériaux. C'est presque une Tour Eiffel ! Ces matériaux ont été pour la plupart soit réutilisés, soit recyclés, afin de transformer ce lieu en un entrepôt de colis nucléaires", assure Laurent Jarry.

C'est dans cette salle que seront donc stockés les déchets nucléaires en attendant leur retraitement. 

Plutôt que de redémarrer, l'objectif pour les 450 employés qui travaillent sur le chantier, c'est que Fessenheim devienne un modèle pour les futurs démantèlements.

"L'arrêt a été un générateur de fortes émotions. Aujourd'hui, de l'avoir vide, c'est un motif de satisfaction parce que Fessenheim est passé dans une autre ère qui est la fin de vie. Toute industrie doit maîtriser sa fin de vie".

Le démantèlement prendra encore 15 ans. Mais les salariés espèrent que EDF maintiendra le projet d'un technocentre sur le site pour améliorer les techniques de dépollution pour les prochaines démolitions de centrales nucléaires.

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