EPR de Flamanville : ce que va changer son raccordement au réseau électrique
Après 12 ans de retard, l'EPR de Flamanville s'apprête à être raccordé au réseau électrique français, marquant un tournant pour la filière nucléaire nationale.
C'est la fin d'un feuilleton qui a pris 12 ans de retard. L'EPR de Flamanville va finalement être raccordé au réseau, vendredi 20 décembre. Le sigle EPR signifie "réacteur pressurisé européen" parce que ça utilise de l'eau. Le raccordement de l'EPR de Flamanville, c'est un peu la troisième satisfaction de l'année pour la France, après les Jeux olympiques et Notre-Dame de Paris.
C'est symboliquement le retour en force d'une filière qui avait fait la fierté de la France dans les années 70, le nucléaire. C'est donc la première fois depuis 25 ans qu'on va brancher un nouveau réacteur nucléaire sur le réseau électrique français pour qu'il injecte du courant en plus. L'addition du chantier aujourd'hui, elle est très salée, il a coûté plus de 13 milliards selon EDF. C'est quatre fois plus que prévu.
Maintenant, on peut espérer gagner de l'argent en produisant de l'électricité supplémentaire qu'on pourra vendre et puis en trouvant des clients ailleurs dans le monde, comme en Inde, par exemple, pour acheter le PR. On va pouvoir passer à une fabrication plus standardisée et plus rapide.
Un EPR plus puissant que les anciennes générations
L'EPR de Flamanville est plus puissant et plus sûr grâce à une épaisse coque en béton. Il a une puissance de 1650 mégawatts alors que les autres sont à 1450. Flamanville sera à 100% de ses capacités l'été prochain. Il sortira alors une production annuelle de 13 TWh sur les 500 TWh d'électricité produite chaque année en France, soit 2,5% à lui seul.
En comparaison, l'ensemble de la production solaire en France, c'est 5%. Donc, l'EPR va aussi soulager les autres centrales qui vieillissent, qui sont moins efficaces. D'ailleurs, 6, voire 14 nouveaux EPR sont à prévoir pour remplacer les vieux réacteurs dans les années qui viennent, c'est au niveau du plan Mesmer de 1974.
Cela va permettre à la France de rester surcapacitaire, comme on dit, en production électrique sur une année. Cela aura probablement un impact sur le prix du kilowattheure pour les consommateurs. Plus on produira une énergie électrique décarbonée, plus on pourra la vendre sur les marchés européens et donc réduire son coût. Plus d'offres, ce sont des prix potentiellement plus bas.
La filière nucléaire redémarre
L'atome est redevenu fréquentable, c'est un outil de souveraineté française et européenne. Plus on produira de l'énergie décarbonée en zone euro et moins, on aura besoin d'acheter du gaz russe. Une fragilité qui s'est imposée au moment de la guerre en Ukraine. Le nucléaire avait perdu la bataille de l'opinion entre Tchernobyl et Fukushima. La guerre en Ukraine et la demande croissante d'électricité, bien sûr, dans les années qui viennent, ont redonné un avantage concurrentiel à l'atome.
Quand on dit renaissance d'une filière, ça veut dire création d'emplois. C'est ce qu'on peut espérer, puisque le nucléaire fait déjà travailler 220.000 personnes dans le pays dans 3.200 entreprises, selon France Travail. L'EPR a relancé l'ingénierie nucléaire, le BTP, le génie civil, les fameux chaudronniers. Oui, l'EPR a mis plus de temps à être construit que le chantier de Notre-Dame de Paris, mais c'est aussi une résurrection dont on peut se réjouir.
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