Alors que le gouvernement réfléchit à la mise en place d'un panier anti-inflation, RTL a enquêté sur ces clients contraints d'abandonner une partie de leurs achats à la caisse, faute de pouvoir payer. Le phénomène n'est pas nouveau, mais il est de plus en plus courant. Dans des villes comme Toulouse, ce n'est plus extraordinaire. Roselyne Da Silva est hôtesse de caisse depuis plus de 20 ans, et depuis quelques mois, elle est confrontée à une recrudescence de consommateurs qui abandonnent certains produits en caisse.
"Dès l'annonce du prix, ils décident d'enlever quelques produits. Et pas qu'à la fin du mois. De plus en plus tôt, vers le 20 ou le 15 déjà", constate la caissière. Et de préciser que "la viande, le poisson, les fruits et légumes", sont sacrifiés au profit d'autres produits. "Les gens me disent 'on est obligés de faire un tri et bientôt, on ne saura plus quoi supprimer'", explique encore Roselyne.
Certaines mères de famille au petit salaire - souvent célibataires - évitent à tout prix d'en arriver là. D'autant que ces situations s'accompagnent de confusion, de gêne, voire de honte. "Je n'ai pas envie de faire de sacrifice la semaine où j'ai les enfants, et éventuellement la semaine où ils sont chez leur papa je peux faire de petites économies", souligne l'une d'entre elles.
On a toujours peur que ce soit un peu plus cher chaque jour.
Une mère de famille au revenu modeste
Et une autre de compléter : "On a toujours peur que ce soit un peu plus cher chaque jour. On pense à la cantine, aux activités, donc on diminue", indique-t-elle en assurant qu'elle n'hésite pas non plus à se priver pour le bien de ses enfants. Ces femmes ont souhaité témoigner à huis clos, dans leur voiture.
De son côté, une autre cliente passe son temps à calculer en rayon : "La limite de découvert elle est à -300 euros, et quand j'arrive à -295 euros, un produit à 7 euros en plus ne passe pas", déplore-t-elle. Elle aussi "prend plus pour les enfants", lorsqu'il faut trier, et sacrifie "des produits d'hygiène".
David, client d'enseignes discount, culpabilise à la vue de ces clients et regrette de ne pas pouvoir les aider. De même que Roselyne, la caissière, qui se met à leur place : "Nous aussi ça peut nous arriver", assure-t-elle. Plus l'inflation s'installe, plus cette pauvreté du quotidien se banalise.