C'est l'un des grands tabous de la grande distribution. Le vol, ou sobrement appelé dans le jargon des hypermarchés, la "démarque inconnue" est en forte augmentation depuis la crise sanitaire. "Ça explose de partout", avoue le cadre d'une grande enseigne d'hypermarchés qui préfère rester anonyme. "Ils se sont multipliés par deux" poursuit-il. L’ancien directeur d’un groupe de supermarchés spécialisé dans les centres-villes abonde, lui aussi, sous le sceau de la confidentialité : "C'est colossal, ça représente entre 3 et 5% du chiffre d’affaires".
Les raisons évoquées sont multiples : l’inflation, une hausse de la délinquance et la réduction du personnel. Dans de nombreux supermarchés, le client pèse ses fruits et légumes lui-même et passe à la caisse tout seul. Il a plus de latitude pour voler, et souvent sans scrupules. "Quand le gouvernement suggère que l'on vende à perte, ça donne l'image qu'on peut se le permettre", peste le cadre de la chaine d'hypermarchés. Pour lui, ce genre de discours suggère que les grandes surfaces s'enrichissent sur le dos des consommateurs depuis deux ans.
Face à ce constat, "on investit à tous les niveaux", poursuit une source. C'est-à-dire plus de caméras, des contrôles aléatoires à la sortie des grandes surfaces et de la nouvelle technologie. Plus de 1.500 supermarchés se sont déjà équipés d'une intelligence artificielle pour repérer les mouvements suspects sur les caméras de vidéosurveillance. Lorsqu'un client glisse un produit dans son sac, le vigile reçoit instantanément un extrait vidéo sur son téléphone et peut appréhender l'auteur du vol aux caisses.
À Châteauroux, la société Thoonsen Trading, leader européen des bagues antivol, voit son chiffre d'affaires s'envoler. "+15 % l'an dernier, +20% depuis le début de l'année", se réjouit Jacky Thoonsen, le gérant. Il travaille aussi actuellement sur une technologie pour empêcher les vols au chariot bélier, de plus en plus répandus dans les enseignes de bricolage. "Les voleurs chargent 1.500 euros de matériel sur le chariot, et partent en courant avec pour charger leur camion", explique-t-il. Son entreprise travaille sur un système de capteur en caisse relié à une montre connectée portée par les vigiles pour intercepter les voleurs avant qu'ils n'arrivent à leur voiture.
Sauf que pour les petits patrons, la lutte face au vol est beaucoup plus compliquée. "C'était 9.000 euros avant le covid, j'ai déjà 12.000 euros de vol depuis le début de l'année", raconte, lassée, Jeanne, la patronne de deux petits magasins de proximité franchisés à Dijon. "Le matin je chausse mes baskets, je fais un peu de musculation, et je cours après les voleurs quand je les prends en flagrant délit", détaille la commerçante de 51 ans. Elle décrit une dizaine de vols par jour, principalement des bières, des sandwichs et des bonbons.
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