Emmanuel Macron débute sa visite officielle en Chine, un pays qui n’est plus du tout le même depuis son dernier voyage. En effet, deux événements importants se sont produits depuis 2019, date de la dernière visite du président français. Un, l’arrivée d’un démocrate à la Maison Blanche en 2020, Joe Biden, a confirmé la mésentente stratégique entre Washington et Pékin. La politique anti-Chine, qu’on pouvait prendre pour une foucade de Trump, est devenu un choix transpartisan majeur aux États-Unis. Deux, la Chine se voit et se présente désormais comme le maître du monde alternatif, face à l’Amérique. Xi Jinping, le président chinois, se veut le patron d’une autre mondialisation, face à celle de l’Occident.
Sur le plan économique, c'est une révolution. Auparavant, la Chine était l’usine du monde, elle a été de très loin la
première destination de l’investissement industriel de la planète. Tout le
monde faisait fabriquer tout en Chine, et en particulier l’Amérique et
l’Europe. C’est en train de changer. Dans le secteur électronique,
semi-conducteurs, téléphonie, la Chine se désincarcère de l’Occident, sous
l’effet des interdictions et sanctions américaines, qui visent à ralentir son
avancée technologique. Et même dans des secteurs comme le textile, des
relocalisations se font jour, au détriment de la Chine. La meilleure preuve,
c’est que la levée des restrictions Covid là-bas n’a pas provoqué le rebond des
exportations qu’on attendait.
Dans le même temps, la Chine développe ses échanges ailleurs. En Russie, elle vend des produits industriels à Moscou et lui achète des hydrocarbures, bien davantage qu’avant la guerre. Elle a réussi aussi un coup diplomatique incroyable, en réconciliant sous son égide l’Arabie Saoudite et l’Iran. Elle a en fait éloigné l’Arabie Saoudite de l’Occident, alors que Ryad était un partenaire stratégique et économique essentiel pour l’Occident, l’Amérique en particulier, depuis la seconde guerre mondiale. Et elle est devenue insensiblement le premier bailleur de fonds des pays pauvres, bien devant le FMI et la Banque mondiale. La géoéconomie mondiale est en train de se redessiner, avec deux blocs qui se font face.
Cela veut dire deux mondialisations, deux zones d’échanges rivales. La Chine veut prendre la tête de ce qu’on
appelle le "grand Sud" de la planète, en gros tout sauf l’occident. Mais ça
n’est pas acquis. L’Inde par exemple, n’a aucune envie de se soumettre à la
Chine, avec laquelle les différents frontaliers sont très vifs.
C’est le principal défi géopolitique de l’Europe
: faut-il se rallier à l’Amérique et se brouiller avec Pékin, ou tenter la
neutralité, comme le voudrait la Chine, qui souhaite conserver l’accès aux
technologies et aux marchés européens ? L’Europe a intérêt à continuer à
commercer. Mais son dilemme s’est accru depuis la guerre d’Ukraine, puisque la
Chine est passée dans le camp ennemi. La seule solution, pour préserver les
liens, serait que la Chine s’éloigne de la Russie, le cas échéant en la
poussant au compromis. Ça permettrait d’obtenir la paix et de préserver pour
l’Europe une forme de neutralité dans la rivalité sino-américaine. Les intérêts
des Chinois et des Européens convergent ici. Décoller Pékin de Moscou, c’est
l’un des enjeux de la visite présidentielle dans l’Empire du Milieu.
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