ÉDITO - Trottinettes électriques en libre-service : "Quand on veut tuer sa trottinette, on l'accuse d'avoir la rage”, regrette Martial You

Les Parisiens ont voté contre les trottinettes en ville à 90% mais avec une participation ridicule de 8%. Quoi qu'il en soit, à partir de la rentrée prochaine, on ne pourra plus louer de "trot' " dans la capitale. D'abord, c'est une idée surprenante quand on veut rester la première ville touristique du monde. Selon une étude du "bureau de recherche 6-T" : 42% des utilisateurs sont des touristes étrangers ou français. On est quasiment sur un usager sur deux. Paris va devenir la première ville d'Europe à refuser ces trottinettes en location et je ne sais pas si c'est une bonne idée d'être pionnier sur ce point. Surtout à quelques mois des JO.

Les Parisiens ne veulent pas des trottinettes pour des raisons de sécurité. Là encore, décision étonnante : on ne s'attaque pas au cœur du problème. Surtout qu'on ne va pas voir disparaitre les trottinettes des rues : la location ne représente qu'1/3 du marché. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des problèmes de sécurité liés aux trottinettes : 408 accidents dont 3 mortels et 459 blessés en 2022. Mais, on sacrifie une activité économique à cause des conducteurs qui ne savent pas respecter le code de la route. 

Un mauvais bilan environnemental en cause

La municipalité a estimé que le bilan environnemental des trottinettes n'était pas bon. Quand on veut tuer sa trottinette, on l'accuse d'avoir la rage. En 2019, Anne de Bartoli a mené des recherches sur l'impact carbone de ces appareils. La trottinette émet 109 grammes de CO2 au km : 2 fois moins qu'une voiture, un peu moins qu'un bus, mais deux fois plus qu'un vélib', 6 fois plus qu'un tramway et... 10 fois plus qu'un métro. C'est lié au nombre de personnes transportées à chaque fois par le même véhicule.

Ce qui pollue dans la trottinette, c'est d'abord sa fabrication. La moitié des émissions de CO2 d'une trottinette proviennent de la fabrication de la batterie au lithium-ion et du cadre en aluminium. Ça génère beaucoup de gaz carbonique. Ensuite, le recyclage des batteries n'est pas encore bien organisé. Surtout quand la trottinette finit au fond de la Seine. Mais, du coup, ceux qui rejettent les trottinettes électriques pour des raisons environnementales doivent maintenant sérieusement se poser les mêmes questions pour les véhicules électriques qui seront bientôt les seuls autorisés dans les centres-villes.

La trottinette prend la place de moyens de transports moins polluants. À Paris, l'usage des trottinettes est en moyenne de 1,5 à 2 km. Donc, on peut supposer que ça remplace une marche à pied ou l'utilisation du métro qui sont deux modes de transports moins polluants. Mais qui sont aussi plus contraignants. Admettons que ce vote, hier, soit un "non" pour préserver la santé publique des Parisiens en les incitant à marcher... Encore une fois, il vaudrait mieux former le conducteur plutôt que retirer la machine. C'est valable pour les cyclistes ou les scooters.