3 min de lecture
Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce un discours devant l'Assemblée nationale, à Paris le 30 janvier 2024.
Crédit : EMMANUEL DUNAND / AFP
Je m'abonne à la newsletter « Économie »
Lors de son discours de politique générale à l'Assemblée nationale, le mardi 30 janvier, le premier ministre Gabriel Attal a annoncé une réforme des bas salaires. Il a employé le terme de "désmicardisation" de la France, mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Aujourd’hui, 17,4% des salariés français sont payés au Smic, c’est-à-dire 1.400 euros nets par mois. Cela représente plus de 3,1 millions de personnes, c’est presque le double d’il y a quinze ans : les salariés au Smic représentaient 12% des salariés français. Cette hausse des smicards en France représente plusieurs difficultés : c’est un niveau de salaire faible, et bien souvent, c’est un salaire duquel on ne décolle pas.
Le problème n’est pas tant d’être au Smic que d’y être toute sa vie professionnelle, sans perspective d’évolution. Cela s'explique notamment par un effet pervers du système social français. Si un employeur souhaite augmenter un salarié au Smic de 100 euros nets par mois, il doit débourser 483 euros de plus mensuellement.
Les charges augmentent beaucoup, parce que le Smic bénéficie d’exonérations importantes. Dès lors que le niveau de salaire s’éloigne du salaire minimum, et c’est le cas avec une augmentation de 100 euros, il est frappé par davantage de charges employeurs.
Sans compter que côté employé, il y a aussi un surcroit de cotisations à régler. Et ce n’est pas tout, si un smicard est augmenté, il touchera moins d’aides sociales, la prime d’activité notamment, qui complète les revenus du travail lorsqu’ils ont faibles. L’employeur devra donc compenser aussi.
De plus, un autre effet de l’augmentation, c'est qu'avec 100 euros en plus, le salarié devient soumis à l’impôt sur le revenu, pour 23 euros par mois. Le total de tout cela, c’est 483 euros mensuels. C’est le premier chantier auquel Attal devra s’attaquer : supprimer ces effets de seuil mortifères.
Il faudrait aussi utiliser le levier de la formation, pour permettre aux salariés non qualifiés, souvent ceux qui sont au Smic, de monter en compétence et d’occuper des postes plus qualifiés. Auparavant, c’était beaucoup plus naturel. Par exemple, un employé de nettoyage chez Renault était payé par Renault, s’il était motivé et sérieux, il avait des opportunités pour changer de métier au sein même de l’entreprise, en étant formé par son employeur. Aujourd'hui cela n'est plus le cas.
Désormais, toutes ces tâches (le nettoyage, la cantine...) sont externalisées par les grandes entreprises. L’employé de nettoyage dépend donc d'une entreprise qui ne fait que du nettoyage, et il n’a plus ces chances d’évoluer. L’externalisation a contribué à bloquer l’ascenseur social, elle a "smicardisé" le pays.
Il y a un troisième levier dans le cas où les emplois plus qualifiés n'existent pas. Il s'agit de développer de nouveaux secteurs avec la politique économique et industrielle, pour changer la structure de l’économie française et la faire remonter en gamme. On a commencé, avec le redémarrage de l’industrie en France, + 100.000 emplois sur les dernières années, alors que ça n’avait fait que décroitre auparavant. Mais c’est une œuvre de longue haleine. La "désmicardisation" de la France est un chantier de très long terme.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte