Le groupe pétrogazier TotalEnergies annoncé, mercredi 7 janvier, un bénéfice net de 20,5 milliards de dollars (19,1 milliards d’euros) pour l’année 2022. Une hausse de 28 % par rapport à 2021. Ces résultats déchainent les critiques chaque année. C’est devenu quasiment une fête religieuse pour la France hostile au capitalisme.
Il y a Noël, l’Épiphanie, Mardi Gras et l’annonce des profits de TotalEnergies. La Sainte Pouyanné, en quelque sorte. Fête, ou plutôt rite expiatoire, où le bouc-émissaire est chargé de tous les péchés que la société actuelle voudrait évacuer.
Même s'il s’agit quand même de près de 20 milliards d’euros de profits faits avec de l’énergie carbonée. C’est nous qui utilisons cette énergie ! Ce sont nos agriculteurs, ceux que nous défendions hier en leur permettant d’utiliser le gazole pour leurs tracteurs. C’est l’habitant d’une petite commune rurale qui fait 60 kilomètres par jour pour aller travailler. Total ne fait jamais qu’extraire l’or noir du sol et nous le vendre. C’est un crime de fournir aux citoyens ce dont ils ont encore besoin ?
Les plus critiques estiment que la France, qui se prétend en avance sur la transition, ne devrait pas laisser opérer une entreprise aussi polluante. Ils préfèreraient peut-être acheter le pétrole à une compagnie chinoise ou saoudienne, et nourrir les profits à l’autre bout du monde ? On nous tympanise toute la journée avec la souveraineté française. Total est un élément de souveraineté.
Par ailleurs, c’est l’argument de la direction de l’entreprise, et il faut le considérer, le plan de vol, c’est de transformer l’entreprise en réduisant la part de l’énergie carbonée au profit des autres. Total ambitionne d’être un électricien de taille mondiale en 2030, comparable à l’allemand RWE par exemple. Pour ça, il faut investir, c’est-à-dire gagner de l’argent avec les activités actuelles de l’entreprise.
La question du rythme de la transition se pose tout de même. C’est vrai que les investissements dans les renouvelables sont de l’ordre de cinq milliards par an, c’est le tiers seulement de la totalité des investissements de l’entreprise. Ils augmentent, mais on peut juger ça insuffisant.
L’entreprise répond en fait à la demande du marché, et la demande de pétrole ne chute pas encore, même si son pic est probablement proche. Total change au rythme où nos sociétés effectuent la transition énergétique, c’est-à-dire trop lentement.
C'est vrai qu'une bonne part des profits part aux actionnaires, 40 % du cash flow, sous forme de rachats d’action et de dividendes, c’est en gros 15 milliards par an, ça interroge. Mais là encore, il faut regarder les contraintes du réel. Les concurrents de Total, les pétroliers américains en particulier, redistribuent au moins autant, en proportion, à leurs actionnaires.
Si le français décrétait la pause pour les actionnaires, son cours chuterait. Ce serait moins de facilités pour se développer et conduire la transition, voire la menace d’une OPA d’un rival. Est-ce qu’on serait plus avancés ? Arrêtons de demander à Total de vivre dans le monde tel qu’il devrait être, alors que nous-mêmes, nous vivons dans le monde tel qu’il est, fait de compromis, de contraintes et de contradictions.
Ce qui n’empêche pas la volonté de le transformer. Et c’est là-dessus que TotalEnergies doit être jugé, pas sur le montant de ses profits.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte