Selon l'Insee, qui a revu hier ses prévisions pour 2020, l'économie repart plus vite que prévu. La récession pourrait être de -17%, et non plus de -20%. Une chute du PIB qui reste tout de même colossal - la France n'a jamais connu une telle récession en temps de paix. Mais c'est également inédit de corriger de trois points des prévisions en quelques semaines. Car l'écart entre les deux représente plus de 60 milliards d'euros. 60 milliards, c'est quasiment le budget annuel de l'Education nationale.
Certes, on n'est pas sorti d'affaire, mais on peut légitimement éviter de broyer du noir. Le moral des ménages est essentiel pour la relance économique. Il faut donc bien lire ce que nous disent ces chiffres. Et ils sont bons. Il y a un appétit de consommation, une reprise dynamique de l'activité. C'est bien pour cela que les entreprises, les artisans, les restaurateurs imploraient le gouvernement de lever les protocoles sanitaires pour profiter de la vague du moment.
Plusieurs secteurs repartent. L'activité de l'automobile, boostée par les primes d'Etat, est revenue à la normale au cours des dernières semaines. Dans le BTP, 93% des chantiers sont repartis, alors qu'on était à -79% d'activité il y a un mois jour pour jour. L'activité repart également dans le commerce, avec d'excellents chiffres chez les libraires, les magasins de jouets ou de sports, les coiffeurs. Et c'est sans oublier l'immobilier. Tout cela signifie que l'on est reparti très vite au même rythme qu'avant le confinement en matière de consommation et donc de production.
Pour autant, difficile de sortir indemne de la crise. Et c'est bien pour ça que les ministres sont très prudents, voire pessimistes. On voit bien qu'un secteur comme le tourisme, qui a été le premier impacté, enclenche déjà des plans de réduction d'effectifs douloureux, comme le montrent Air France et TUI aujourd'hui. On pourrait ainsi avoir un automne meurtrier au plan économique. C'est pour cela que l'on doit profiter de l'optimisme avant l'été, de l'envie de retrouver sa vie d'avant, pour prendre un peu d'élan avant la rentrée de septembre.
L'heure de vérité sera donc en automne. Il faudra se souvenir des erreurs de la précédente crise, bien les analyser et savoir dire qu'on ne sait pas ce qui va se passer. On ne sait pas car on n'a jamais connu dans l'histoire un moment où tous les pays du monde décident en même temps de stopper leurs économies et de se mettre volontairement en récession.
L'une des erreurs de la crise des subprimes à ne pas refaire serait notamment de rendre l'économie trop dépendante des subventions publiques. En 2012, on a parlé de l'erreur de François Hollande de remonter les impôts, ce qui a tué la reprise. Mais ce n'était pas le seul souci. Le véritable problème, c'est qu'on a coupé, à ce moment-là, les primes automobiles par exemple. Résultat : l'économie a été sevrée brutalement et la consommation, ainsi que la croissance, ont chuté. Avec toutes les aides aux entreprises pour le chômage partiel, on pourrait connaitre la même déconvenue si on coupe tout trop vite.