E-commerce : Amazon dévore la concurrence
ÉDITO - Le géant de la distribution en ligne Amazon a franchi mardi 30 mai le seuil symbolique de 1.000 dollars l'action à Wall Street.

L'action Amazon a franchi mardi 30 mai le seuil symbolique de 1.000 dollars (près de 900 euros) à Wall Street, une première qui confirme l'ascension du géant américain du commerce en ligne. Cela porte la valorisation de la société à 430 milliards d'euros. Pour vous donner une idée, ça représente vingt-cinq fois la valeur de Carrefour, notre épicier national. Alors bien sûr, Amazon est porté par la vague de spéculation boursière qui a fait grimper tous les titres technologiques (Facebook, Google et autres) de 25 à 30% depuis le début de l'année. Mais cette envolée signe aussi l'extraordinaire puissance commerciale de cette entreprise.
Amazon est désormais numéro un dans bon nombre de pays. Il est en train de dévorer littéralement ses concurrents, en France comme ailleurs. Parti de la vente de livres et de disques, il se met aujourd'hui à faire de la télé et du cinéma - non seulement comme distributeur, mais comme producteur - et de l'alimentaire. Surtout, il a développé une machine de guerre avec son service Premium, vendu entre 50 et 100 euros par an selon les pays, qui garantit différents avantages et une livraison accélérée.
Distorsion de concurrence
Comme Amazon est le site qui vend le plus de choses (200.000 références à son catalogue), un client qui souscrit au service Premium ne commande quasiment plus sur les autres sites. Car il veut rentabiliser son abonnement. Dès qu’Amazon ouvre ce service dans un pays, il capte l'essentiel de la croissance du e-commerce et du commerce tout court.
Il dévore donc à la fois les acteurs traditionnels, qui possèdent des magasins physiques, et ceux qui commerce en ligne. Au point que, selon un très bon connaisseur de ces métiers, bon nombre de sociétés de e-commerce européennes seraient aujourd'hui à vendre, les propriétaires anticipant une baisse de leur chiffre d’affaires.
Amazon a développé une machine de guerre avec son service Premium
François Lenglet
Le problème c’est que, selon un patron français, pour un million de chiffre d’affaire, le commerce traditionnel crée cinq fois plus d'emplois qu'Amazon, alors qu’il est cinq fois plus taxé. L'entreprise échappe aujourd'hui à l’impôt sur les bénéfices en Europe grâce à un jeu d'écritures entre ses différentes filiales.
Un jeu tout à fait légal aujourd'hui : il est largement utilisé par toutes les multinationales américaines de la technologie. C'est une distorsion de concurrence importante, qui pénalise les acteurs du e-commerce français.
Seule la Chine contient l'ogre Amazon
Le seul pays qui a réussi à contenir l'ogre, c’est la Chine, en fermant son marché au profit des acteurs locaux, et en particulier d'Alibaba, le site de e-commerce fondé par Jack Ma, qui est aujourd'hui le premier sur la planète. Pour le reste, tout le monde numérote ses abatis.
Pour le futur patron de Carrefour, notre champion de la distribution, qui est à l'heure de la succession, l'enjeu sera non seulement de contrer Leclerc et les autres, mais aussi Amazon et ses projets en France. Le groupe américain prévoit ainsi d'expérimenter en France le dépôt des colis par drones, pour effectuer les livraisons en moins de 30 minutes.