Dans une étude que vous révèlent RTL et Les Echos, l’Union des entreprises de proximité fait le bilan du confinement. Près de 30% de chute d’activité, des aides utilisées par une entreprise sur deux, aides qui ont permis jusqu’à présent de limiter la casse. Mais quid de la suite pour les artisans, les commerçants, les libéraux ? L’avenir est-il si sombre qu’on le dit ? Est-ce qu’on doit s’attendre à des faillites massives ? Il y aura des faillites, c’est imparable. Pour les entreprises déjà fragiles, ou dans des secteurs très touchés par la crise, les restaurateurs par exemple, pour eux, la menace est grande.
On y pense moins mais il y a aussi les professions libérales. Certains guides, enseignants, architectes ont vu leur chiffre d’affaires fondre de 30%. Et le risque est d’autant plus grand quand la reprise tarde. Un chef d’entreprise de proximité sur trois s’attend à une faible activité au 3ème trimestre. Ça veut dire moins d’argent dans les caisses, moins de stock de liquidités. Dans ces conditions, la moindre anicroche, un retard de paiement par exemple, peut devenir un grand danger. On voit aussi dans l’actualité des chiffres qui ne sont pas rassurants sur les faillites des grandes entreprises.
Non, quand une grande entreprise fait faillite, c’est comme un jeu de domino. Le premier, tombe sur le deuxième, qui entraîne le suivant et c’est tout un tissu économique qui est fragilisé. Les défaillances d’entreprises pourraient atteindre des sommets dans les mois qui viennent : +80%, c’est la destruction de 250 000 emplois, d'après une estimation de l’observatoire français des conjonctures économiques.
Parmi les secteurs les plus à risque dans les entreprises de proximité, on retrouve les sous-traitants des chaînes de montages d’automobiles ou de l’aéronautique. La crise rend fragiles toutes ces petites entreprises qui assemblent des boulons ou des mécanismes techniques. Ensuite, il y a un risque majeur pour les hôtels, les cafés et les restaurants, qui ont subi selon l’U2P, une chute de 88% de leur chiffre d’affaires, c’est vertigineux.
Toutefois, il y a des professions qui s’en sortent bien, notamment les artisans, les boulangers, les bouchers, les commerçants ou encore les coiffeurs. Pour eux, les affaires reprennent, même si certaines entreprises restent sur le fil, avec des trésoreries en souffrance. Quatre PME sur dix ont demandé un crédit un court terme selon la Banque de France. Le risque, c’est de devoir payer l’euro de trop. Et en septembre, dans moins d’un mois, certains chefs d’entreprises vont devoir recommencer à cotiser, après la pause du confinement. Même avec des affaires qui reprennent, entre les cotisations, les loyers, les frais d’électricité, toutes ces dépenses risquent parfois d’être impossibles à régler.
C’est donc ce qu’on appelle "le mur des charges", comme une montagne de frais en retard, à régler. Alors l’État en est conscient : les cotisations pourront être lissées dans le temps, jusqu’à trois ans. Pour les prêts garantis par l’État, c’est pareil, ce sera sur plusieurs années. Mais on pourrait aller plus loin, c’est ce que demandent les entreprises. En simplifiant encore les démarches, en remboursant non pas sur cinq, mais sur dix ans, avec la garantie que les taux resteront bas, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
On imagine bien aussi qu’il y aura des conséquences pour l’emploi. Qu’en disent les entreprises de proximité ? Elles disent et c’est logique, qu’elles vont y regarder à deux fois avant d’embaucher. 6% seulement des entreprises de proximité envisagent de recruter. C’est deux fois moins que l’an dernier. Encore faut-il qu’il y ait des candidats, comme dans l’hôtellerie, la restauration et dans les travaux publics. C’est un paradoxe, certains secteurs manquent toujours de bras : ils n’arrivent pas à recruter, même quand le chômage augmente. Il faudra donc très certainement aussi s’attaquer au fameux chantier des emplois non pourvus, pour faire repartir l’économie au plus vite.
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