Une nouvelle pratique se diffuse dans les grandes entreprises, les grands patrons baissent leur salaire, de leur propre chef. On n'a jamais vu ça...
Sébastien Bazin, patron du groupe hôtelier Accor, réduit le sien de 25% pendant la durée de la crise sanitaire, ainsi que celui des membres du conseil d'administration. Florent Ménégaux, patron de Michelin, fait la même chose, tout comme Sophie Bellon, la patronne de Sodexo, qui renonce à la moitié de son salaire et financera ainsi un fonds d'entraide pour les employés autant perdu leur emploi. C'est la même chose à l'international, au Royaume-Uni, plus de trente grandes entreprises, dont Rolls Royce ou British Telecom, viennent de prendre cette décision. En Italie, le patron de Fiat, idem. Aux États-Unis, celui de Disney, des hôtels Mariott et de Boeing.
Qu'est-ce qui les pousse a un accès de philanthropie ? L'épidémie, avec les ravages qu'elle provoque, et la solidarité qu'elle inspire. Mais aussi des considérations plus concrètes. Bon nombre de ces entreprises font appel aux aides de l'État, en particulier le chômage partiel, ce dispositif qui concerne maintenant près de six millions de salariés en France, par lequel c'est l’État qui indemnise un employé qui n'aurait plus d'activité à cause de la crise, à hauteur de 84% de son ancienne rémunération.
L'AFEP, l'association française des entreprises privées (c'est un organisme patronal influent) a édicté la semaine dernières ses recommandations : si une entreprise fait appel au chômage partiel pour prendre en charge ses troupes, le patron est incité à baisser son salaire de 25%, pour faire montre de solidarité sociale.
Ces recommandations n'ont rien d'obligatoire. La meilleure preuve, c'est que nos deux géants du luxe, LVMH et Kering, le propriétaire de Gucci, avaient annoncé mettre une partie de leurs salariés au chômage partiel, et qu'ils se sont ravisés. Ils prendront finalement en charge eux-mêmes la rémunération des personnes sans activité. Petit à petit s'impose une idée de bon sens, on ne peut pas demander les aides financières exceptionnelles de la collectivité et faire comme avant en matière de salaire patronal, il faut choisir.
Cette solidarité est demandée aussi aux actionnaires, c'est le fameux dividende. C'est-à-dire la part des bénéfices distribuée aux actionnaires, est supprimée, alors pas partout, mais dans bon nombre d'entreprises mondiales. C'est même parfois la vraie raison de la générosité patronale. Aux États-Unis, si certains patrons réduisent leur salaire, ce n'est pas pour faire bloc avec leurs salariés, mais avec leurs actionnaires, à qui on a sucré leurs dividendes. Actionnaires qui sont de fait, les patrons du patron, et se prononceront un jour sur le renouvellement de son mandat.
Les banques ont été, en Europe, vivement incitées par la banque centrale européenne, à ne pas verser leurs dividendes aux actionnaires. En France, cela représente une petite dizaine de milliards d'euros, qui vont donc être utilisés pour conforter le matelas de sécurité des établissements financiers, les banques vont jouer un rôle essentiel dans la préservation du tissu économique.
Au départ, les banques étaient réticentes à supprimer ce dividende, pour une bonne raison. Elles avaient déjà annoncé verser ces sommes dues au titre de l'année 2019, avant la pandémie. Revenir sur sa parole, c'est prendre le risque de rendre les investisseurs méfiants, et de ne plus pouvoir leur demander de financement à l'avenir, sinon à un prix élevé. Crainte d'autant plus forte que le secteur bancaire a été massacré par la bourse.
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