Chantiers navals : comment le secteur des croisières dynamise Saint-Nazaire

Le marché des croisières est dans une santé insolente. Ce 19 mai, MSC Cruise a commandé deux nouveaux paquebots au chantier de l'Atlantique, montant : 3,5 milliards d'euros. Et le carnet de commandes à Saint-Nazaire est plein.

L'engouement pour la croisière en ce moment fait beaucoup penser à l'envolée du tourisme de masse dans les années 60-70 avec les vols charter, les clubs de vacances à l'époque. Désormais, on choisit la croisière parce que ce sont des conditions de voyage exotiques pour un budget tout inclus qui peut débuter à 400 euros par personne pour une semaine. 

Donc il faut des bateaux et Saint-Nazaire n'est pas loin de la saturation. C'est une formidable renaissance pour les chantiers de l'Atlantique qui ont connu de grosses difficultés financières entre 2006 et 2012, on s'en souvient. Aujourd'hui, ils ont 5 ans de commandes devant eux. Les chantiers tournent à 110% de leur capacité avec 10 paquebots à sortir d'ici 2030. Sans parler des bâtiments pour la Marine nationale et une partie du futur porte-avions national. Tout ça grâce au décollage du marché de la croisière. 

Un public encore majoritairement américain

Le secteur était en hausse depuis quelques années, mais tout s'est envolé après le Covid. Formule all-inclusive, prestations haut de gamme, visite des grands ports de la Méditerranée… Il y avait 10 millions de croisiéristes dans le monde en 2001. On en compte 34,6% en 2024. C'est en hausse de 9% l'an dernier et ça continue. 

Cela représente plus de 320 palaces flottants depuis le Covid pour une capacité de 326.000 lits. Un nouveau public est en train de faire grossir les effectifs. L'an dernier, par exemple, un client sur trois faisait une croisière pour la première fois et le public rajeunit. L'âge moyen en 2019, c'était 49 ans, aujourd'hui, le croisiériste a 46 ans. 

Et il y a beaucoup de Français ? Les deux tiers des clients sont toujours les Américains, c'est vraiment la culture La Croisière s'amuse depuis les années 70. Ça fait 20 millions d'Américains. Mais l'Europe progresse : 8 millions et demi de passagers l'an dernier et 573.000 Français dans le lot. L'Asie découvre aussi les croisières et c'est le gros réservoir des années qui viennent.

Mais impossible de parler de la croisière sans évoquer le surtourisme bien sûr et ses dégâts sur l'environnement : 21% des séjours sont à bord de bateaux de plus de 3.000 places. Vous voyez les mastodontes. Bien entendu, les nouveaux paquebots rejettent moins de soufre dans l'air qu'avant, mais ça reste des machines gargantuesques. L'ONG Friends of Earth avait calculé que le bateau Explorer of the Seas, qui n'est pas le plus gros en circulation, produisait 1,9 million de litres d'eau usée et 19 tonnes de déchets solides par jour. La croisière s'amuse, la nature un peu moins.