1. Accueil
  2. Actu
  3. Eco Conso
  4. 5 à 6 millions de suppressions de postes en Chine
3 min de lecture

5 à 6 millions de suppressions de postes en Chine

REPLAY / ÉDITO - Cela parait fou dans un pays où le salaire minimum est à 220 euros par mois.

Les émissions de CO2 repartent à la hausse / image d'illustration avec des usines
Les émissions de CO2 repartent à la hausse / image d'illustration avec des usines
Crédit : Pixabay
5 à 6 millions de suppressions de postes en Chine
00:03:19
5 à 6 millions de suppression de postes en Chine !
00:03:21
Martial You

Le chiffre donne le tournis. Selon plusieurs sources, la Chine s'apprêterait à annoncer samedi 5 mars un vaste plan social de 5 à 6 millions de suppressions de postes. Vous avez bien entendu ! 5 à 6 millions. C'est vraiment le signe que la croissance folle de la Chine est derrière nous. Alors bien sûr, c'est à l'échelle chinoise. On parle de 6 millions de postes pour une population active qui compte 800 millions de personnes selon les derniers chiffres de la banque mondiale.

Comme nous sommes en Chine, ça va passer par un plan quinquennal qui doit être présenté samedi 4 mars. Après les hoquets de la bourse ces derniers mois, le ralentissement se traduit dans l'économie réelle.

Les secteurs impactés sont l'acier, le charbon, la construction navale. De vieilles industries qui sont impactées par la baisse du coût des matières premières ou par la baisse de la demande mondiale. Et puis aussi, disons-le, même si ça parait dingue dans un pays où le salaire minimum est à 220 euros par mois. Parce que le coût de la main d'oeuvre chinoise est devenu trop cher.

Il manque à la Chine une "middle-class"

Le gouvernement va aussi faire le ménage dans ce qu'on appelle les sociétés "zombies". Des placards géants à la chinoise. Des sociétés publiques dont l'activité est largement déficitaire (dans le BTP notamment) et où l'État continue à payer des salariés à ne rien faire pour acheter la paix sociale.

À écouter aussi

Ce n'est pas forcément la fin du miracle économique chinois. Ce qui est incroyable, c'est la vitesse avec laquelle cette économie chinoise vit ce que les pays occidentaux ont connu entre le XVIIIème siècle et maintenant. Dans l'Empire du Milieu, tout se passe en 50 ans. Enfin... pas tout à fait. Car justement ce qui manque encore à la Chine pour se développer économiquement, c'est une vraie "middle-class", instruite, plus riche et qui va faire tourner le marché domestique.

L'enjeu : l'environnement

C'est en train de venir, mais ça, ça prend forcément du temps. Le temps humain, celui qu'il faut pour que les enfants grandissent et deviennent ingénieurs ou enseignants. Mais, en réalité, la Chine prépare déjà avec ce plan social, son développement économique à venir. Je vois plutôt ça comme une pause stratégique.

On ne doit pas forcément s'attendre à des manifestations dans les rues de Pékin face à un tel plan social. Mais, ne tombons pas dans la caricature, ce n'est pas uniquement parce qu'on est dans une dictature. C'est vrai aussi mais pas seulement. Il y a aussi beaucoup d'intelligence et de pragmatisme dans cette décision.

On a beaucoup dit ces dernières années que si la croissance chinoise passait sous les 7%, il y avait un risque d'émeute sociale. Je crois qu'on s'est trompé... Ce n'est pas le principal risque de révolte en Chine aujourd'hui. Aujourd'hui, ce qui pourrait pousser les habitants à défier le pouvoir, c'est l'environnement. Le risque de santé publique est en train de devenir un risque politique. Les dirigeants en ont conscience. Il y a des villes où l'air est devenu irrespirable. Le nombre de maladies respiratoires chez les adultes et les enfants explose. Et il est devenu de plus en plus difficile de faire venir des expatriés en Chine à cause de ça. 

L'effet papillon et l'effet de levier

L'enjeu est colossal. La réduction d'activités très polluantes comme le charbon ou l'acier répond à ça. Et puis, le gouvernement va mettre les moyens pour replacer ses ouvriers dont il va supprimer les postes : 14 milliards d'euros sur 2 ans, c'est quasiment 1.500 euros par an et par poste supprimé. Ça permet de former et de reclasser.

Et si le pouvoir décide que les ouvriers de la métallurgie vont devenir ceux de l'industrie verte de demain (panneaux solaires, éolien, véhicules propres, etc...), Pékin peut donner un énorme coup d'accélérateur à ces activités environnementales. Voire offrir à l'Occident aussi un vrai modèle économique et la taille critique pour faire décoller ce qu'on appelle la "Green Economy". C'est l'effet Papillon et l'effet de levier.

La rédaction vous recommande
À écouter aussi

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info

Commentaires