"Les gens n'ont pas forcément envie de dire qu'ils votent François Fillon, même si leur vote (lui) est acquis". L'argument du vote caché, avancé sur BFMTV par Valérie Boyer, fidèle soutien de l'ancien Premier ministre est martelé depuis plusieurs jours par l'entourage du candidat de la droite. Pour appuyer leur théorie, l'équipe Fillon s'appuie sur plusieurs éléments. D'abord la volatilité de l'électorat d'Emmanuel Macron, mais ils se fient également à d'autres algorithmes, en dehors des sondages classiques. Par exemple, la société canadienne Filteris, qui analyse le poids politique numérique des candidats à la présidentielle notamment sur les réseaux sociaux, place François Fillon en deuxième position, juste derrière Marine Le Pen. Alors le candidat de la droite et son entourage ont-ils raison de croire en l'existence d'un bataillon d'électeurs qui passerait au travers des sondages traditionnels ?
"Ils ont raison", estime Bobby Demri, fondateur de GOV. Cette application de démocratie participative permet à chaque Français de voter chaque jour en temps réel pour tous les hommes politiques du gouvernement et de l'opposition, mais aussi de lancer leurs propres sondages. "On a été prédictifs pour la primaire de la droite et du centre, où GOV a été seul à annoncer la victoire de François Fillon", explique-t-il. "C'est une nouvelle manière de mesurer l'opinion, ce sont les gens qui posent leurs questions et font remonter leurs attentes et leurs aspirations. Et ce qu'on constate, c'est que François Fillon connaît une dynamique très forte sur l'application".
Il est possible que les gens, pour punir le système, ne disent plus la vérité aux sondeurs
Bobby Demri, fondateur de l'application GOV
"Pour tous les candidats il y a du vote qui n'est pas exprimé", tempère Édouard Lecerf, directeur du département Politique et Opinion de l'institut Kantar TNS. "Il y a du vote qui disparaîtra pour certains candidats, qui apparaîtra pour d'autres, mais il est vrai que pour certains, il est peut-être plus compliqué d'exprimer son vote, par exemple pour François Fillon. Pour autant, s'il est difficile d'en faire part aux sondages, pourquoi s'exprimerait-il de manière explosive sur les réseaux sociaux ?", s'interroge le sondeur.
"Nous vivons aujourd'hui dans un système qui est défié et les sondeurs en font partie", répond Bobby Demri. "Il est possible que les gens, pour punir le système, ne disent plus la vérité aux sondeurs. Sur GOV, c'est anonyme, ils viennent spontanément." Et sur cette application qui revendique 130 à 150.000 utilisateurs, et 30 à 40.000 votants tous les jours, si le premier tour avait lieu demain, François Fillon serait qualifié en premier, suivi d'Emmanuel Macron. "Nous faisons du temps réel", précise Bobby Demri, "ça peut évidemment bouger demain, ou après-demain".
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