Nous sommes en Allemagne, sur une autoroute près de Düsseldorf. La cabine du superbe Mercedes-Benz Actros - la Rolls des poids lourds - est perchée à plus de 2 mètres de hauteur. Soudain, ce véhicule de près de 20 tonnes va s'insérer dans un convoi composé de trois camions qui vont se suivre en file indienne, et tout cela en pilotage automatique. À notre gauche : le chauffeur qui conduit de façon "traditionnelle", les deux mains sur le volant. Vitesse : 85 kilomètres/heure. Il appuie sur un petit bouton bleu situé sur le tableau de bord. Le volant tourne tout seul.
Le poids lourd semble piloté par un homme invisible. Le chauffeur met les mains derrière la nuque. Sur cette autoroute allemande, avec des voitures à droite et à gauche, dans la circulation, c'est complètement bluffant. Tout cela fonctionne sur le principe d'un train. Avec, en locomotive, le premier camion qui entraîne dans son sillage tous les autres comme un aimant. Le convoi peut en entraîner jusqu'à dix.
Chaque poids lourd communique via le wifi et est équipé de puissants radars et de lasers. Cela permet de maintenir une distance régulière de 15 mètres entre chacun, sans que les chauffeurs bougent le petit doigt. Tout est géré automatiquement. Les poids lourds évoluent sur la file de droite. À tout moment une voiture peut venir s'intercaler, pour prendre une sortie par exemple. Dans ce cas, les camions s'éloignent automatiquement les uns des autres puis reprennent leur place une fois la voiture partie.
Le système permet une réaction ultra-rapide en cas de freinage d'urgence : à peine quelques millisecondes, contre une seconde et demi pour un chauffeur. Ensuite, 90% des accidents sont imputables à une erreur humaine (la fatigue est souvent en cause). Là, on réduit les risques même si le système a ses limites. Exemple : si le temps est mauvais ou la signalisation absente, un bip sonore retentit pour demander au conducteur de reprendre le volant. S'il ne le fait pas, le camion s’arrête automatiquement. À tout moment le chauffeur peut reprendre les commandes.
Les camions autonomes vont permettre davantage d'économies de carburant, grâce à un meilleur aérodynamisme. C’est le principe du peloton de cyclistes. Le plus gros frein à l'arrivée de ces convois sur nos routes reste juridique. Qui sera responsable, par exemple, en cas d'accident ? C'est encore flou. Mais une fois cet obstacle levé, cela arrivera vite. D'ici à quatre ans, estiment les constructeurs.
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