Trois semaines après l'attaque contre Charlie Hebdo, Luz est encore sous le coup de l'émotion. Comme les autres survivants de la tuerie perpétrée par les frères Kouachi, le dessinateur a cherché à prendre du recul après les jours terribles du début janvier.
Interviewé à son domicile par Vice News, il est revenu sur les tragiques événements, et les jours d'union nationale et d'hommages mondiaux qui ont suivi. "J'ai eu beaucoup de chance", commence-t-il. "C'était mon anniversaire le 7 janvier [jour de l'attaque], et je suis resté au lit plus longtemps que prévu. Donc j'étais en retard à Charlie."
"Quand je suis arrivé, on m'a dit de ne pas entrer, qu'il y avait des mecs en armes à l'intérieur", raconte-t-il, avant de revenir, les yeux embués, sur la découverte des corps de ses camarades et amis de toujours. "C’est très bizarre, parce que l’on n’est pas préparés à voir ces choses-là. On ne sait pas comment on réagirait à ce genre de situation, personne ne sait."
"Cette terreur, cette angoisse, cette pétrification... on n'est pas habitués à cela."
Luz
"Cette terreur, cette angoisse, cette pétrification... on n'est pas habitués à cela." Dans une interview intime d'une dizaines de minutes, le dessinateur auteur de la désormais mythique couverture du numéro 1178 de Charlie Hebdo, évoque aussi le mouvement mondial de soutien, autour du slogan "Je suis Charlie".
"On a toujours cherché à affronter les tabous, à briser les symboles, les fanatisme", explique-t-il. "Quand on a publié les caricature danoises, on a dit qu'on était des provocateurs. Mais quand nos bureaux ont été incendiés, on est devenus des victimes, des chevaliers blancs de la liberté d'expression."
"C'est bizarre de devenir soi-même un symbole, quand on s'est toujours battu pour les faire tomber..." Un message incarné pour Luz par la présence de certains chefs d'État dans la marche du 11 janvier. "Quelle ironie de voir le roi d’Arabie Saoudite alors qu’au même moment, Badawi va passer 10 ans en taule et se faire flageller."
Pour Luz, la leçon à retenir est que la liberté d'expression doit être défendue, que les caricaturistes doivent pouvoir faire leur travail librement, quelle que soit l'adversité. "Si l'on doit prendre en compte les positions et opinions de la terre entière, alors on déchire nos dessins", insiste-t-il. "D'ailleurs, je suis assez triste quand je vois que des journaux comme le New York Times refusent de publier notre couverture par peur des terroriste."
Un message qu'il a tenu à faire passer à François Hollande lors de leur rencontre, pendant la marche du 11 janvier. "Je lui ai dit qu’il avait plein de chefs d’État autour de lui, et qu’il fallait leur dire qu’ils devaient donner le droit à leur peuple de se foutre de leurs gueules. "
"À un moment pour se marrer, on a sorti un journal responsable, qui ne blessait personne", continue-t-il en brandissant le fameux hebdo, quasiment entièrement blanc, à part quelques titres et rares dessins. "Ça c’est le journal de ceux qui disent “je suis Charlie, mais…”, ce n'est pas ce que nous voulons faire. Les dessinateurs ont le droit à l’irresponsabilité."
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