Il s'agit d'un sujet délicat pour les institutions françaises : les mineurs sans papiers isolés. Ils sont des milliers, chaque année, à fuir leur pays pour gagner l'Europe. Beaucoup d'entre eux arrivent seuls, non accompagnés. En attendant d'obtenir un statut, ces jeunes sont livrés à eux-mêmes et se battent pour obtenir des droits en France.
Dans un parc parisien, ils sont 200 à se presser pour un repas chaud. Parmi ces jeunes, Mamadou, un habitué des distributions de repas de l'association "Les midis du mie". "Ça fait du bien parce que tu as faim. En mangeant, au moins, tu es un peu content", dit-il. En général, le jeune homme ne mange qu'une seule fois dans la journée.
À 17 ans, Mamadou est arrivé seul en France, depuis la Guinée, il y a 3 mois. "Je suis venu en France pour fuir la misère, la pauvreté, pour chercher une vie meilleure", explique-t-il humblement. Pour la plupart des jeunes comme Mamadou, ils quittent leur pays par nécessité.
Son périple aurait duré 2 ans. Après une marche éprouvante en traversant le Mali, l'adolescent aurait connu l'esclavage en Algérie, avant de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l'Espagne, et enfin, la France.
"Je suis obligée de prévenir les autres de ne pas venir, même si je sais que la souffrance au pays est plus difficile qu'ici. Il ne faut pas qu'ils prennent le risque de perdre leur vie", confie-t-il.
Comme Mamadou, des milliers de jeunes se déclarent mineurs isolés en arrivant sur le territoire français, un statut qui leur permet de bénéficier de la protection de l'État et de ne pas être expulsés. Aujourd'hui, l'adolescent est hébergé par une bénévole. Et pour mettre toutes les chances de son côté, il a commencé les cours de français.
Mais pour être scolarisé, Mamadou doit prouvé qu'il est mineur. La "minorité" est le nom donné au statut juridique que la loi attache à la personne qui, en France, n'a pas atteint l'âge de 18 ans. En 2017, 54.000 dossiers comme le sien ont été évalués par les départements. Selon eux, plus de 50% des jeunes seraient majeurs. Pour définir leur âge, les demandeurs passent d'abord un entretien.
Pour Mamadou, le sien a été trop bref, la minorité n'a pas été reconnue. "C'est une réponse que nous voyons presque toujours avec les mêmes arguments assez stéréotypés, ce sont des décisions prises à l'issue d'entretiens qui durent parfois seulement 15 minutes. Effectivement on se pose sérieusement la question de savoir comment on peut déterminer l'évaluation d'un jeune sur la base d'un entretien flash de 10 à 15 min. Je pense que ce n'est pas possible", explique Catherine Delanoë-Daoud, une avocate au barreau de Paris.
En cas de refus, le candidat peut saisir la justice. Le juge des enfants peut authentifier des documents d'identité s’il en a, ou alors en dernier recours : effectuer des tests osseux qui consiste en une radio du poignet et de la main pour déterminer l’âge du demandeur. "Ces expertises ne sont pas fiables, les marges d'erreur selon les médecins sont surtout entre l'âge de 16 et 20 ans, on a des marges d'erreur de 3 à 4 ans !" s’agace l’avocate. Son avis est partagé par l'Ordre des médecins et le Défenseur des droits. Mamadou a déposé un recours, il attend toujours une convocation du juge et il craint un jour d'être expulsé.
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