Un espion pour le compte de l'URSS à la tête du magazine "L'Express"
L'hebdomadaire révèle, après une enquête de longue haleine, avoir été dirigé par un espion du KGB dans les années 1970, à l'insu de tous.
Il menait une double vie. Le magazine L'Express révèle que celui qui a été son directeur dans les années 1970, Philippe Grumbach, était un espion pour les services secrets de l'URSS. Une découverte mise au jour au terme de plusieurs mois d'enquête dans les archives du KGB.
"Son entourage intime a confirmé cette relation occulte à L'Express. Proche de Mitterrand et de Giscard, il a été, à l'insu de tous, un des plus grands espions soviétiques de la Vème République", affirme le rédacteur en chef de la rubrique société Etienne Girard, qui signe cette enquête aux côtés de la journaliste Anne Marion.
Philippe Grumbach , mort en 2003 à l'âge de 79 ans, a occupé des fonctions de rédacteur en chef de 1956 à 1960, avant de devenir le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire en 1974. "Un journaliste brillant. Mais aussi un traître à la France qui, pendant trente-cinq ans, a émargé au KGB", écrivent Etienne Girard et Eric Chol, directeur de la rédaction, dans l'édito du dernier numéro de l'hebdomadaire.
Passé par "Libération" ou encore "Le Figaro"
"Il était impossible de ne pas dévoiler cette zone d'ombre au sein d'un journal qui, de Jean-Jacques Servan-Schreiber à Jean-François Revel, de François Mauriac à Raymond Aron, s'est toujours attaché à combattre les utopies totalitaires et les ravages du communisme", ajoutent-ils. Toutefois, Philippe Grumbach, alias "Brock", ne se serait pas servi de L'Express pour mener à bien ses missions d'espionnage, assure Etienne Girard.
Philippe Grumbach a aussi été secrétaire de rédaction à l'Agence française de presse (l'ancienne AFP) de 1946 à 1948. Après un détour à Libération puis Paris-Presse-l'Intransigeant, il était entré à L'Express en 1954 comme rédacteur. Il fonde Pariscope en 1965, puis dirige le Crapouillot avant de retourner ensuite à L'Express où il occupe, à partir de 1971, les fonctions notamment de directeur politique, puis rédacteur en chef et directeur de la rédaction. Membre du Haut conseil de l'audiovisuel (1977-1981), il était devenu ensuite producteur de cinéma puis était revenu à la presse en 1984, au Figaro.
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