L'Unesco vient d'ajouter à sa liste du patrimoine culturel immatériel les savoir-faire des couvreurs-zingueurs et des ornemanistes parisiens, une reconnaissance pour ces façonneurs des toits de Paris qui sont aujourd'hui aux premières lignes de l'adaptation au changement climatique. Tirant leur nom du zinc, ce métal gris qui recouvre près de 80% des toitures parisiennes, les couvreurs-zingueurs (pose et restauration) ont, avec les ornemanistes (décoration), contribué aussi à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame.
"Paris sans ses toits, c'est Paris sans sa tour Eiffel", résume Delphine Bürkli, maire du 9e arrondissement de Paris. Sélectionnée par le ministère de la Culture fin 2022 et présentée à l'Unesco comme choix de la France en mars 2023, la candidature fait partie des 67 dossiers étudiés par le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
La candidature, initialement destinée à classer les toits parisiens et ses métiers au patrimoine mondial de l'Unesco, une procédure complexe, avait finalement été déposée en 2017 pour faire reconnaître ces deux professions au patrimoine culturel immatériel français, puis à l'Unesco. "Ce que l'on voulait d'abord, c'était faire connaître le geste, faire connaître ce métier qui se transmet de génération en génération", explique Mériadec Aulanier, délégué général du Syndicat des entreprises de génie climatique et couverture plomberie, qui déplore le "déficit d'image" dont souffre la profession.
"Le problème de ce métier, c'est qu'il est sur les toits, donc il n'est pas connu car dans la rue, on ne les voit pas", résume le porteur du projet. Il espère désormais attirer de jeunes talents grâce à cette inscription, alors que la profession, qui compte entre 5.000 et 6.000 couvreurs aujourd'hui à Paris, manque de main-d'oeuvre depuis des années.
Ces savoir-faire, nés au XIXe siècle lors de la refonte de Paris par le préfet Haussmann, qui généralise la pose des toits en ardoise et en zinc (deux matériaux devenus moins chers grâce à la révolution industrielle), doivent aujourd'hui s'adapter à la rénovation thermique des bâtiments. "Les toits sont à l'avant-poste du changement climatique, car leur adaptation se met en confrontation avec l'esthétique et le patrimoine", résume Alexandre Florentin, conseiller du groupe écologiste à la mairie de Paris et président de l'étude "Paris à 50°C" publiée en 2023. Lors des canicules l'été, les chambres situées sous les toits, autrefois réservées aux bonnes, deviennent de véritables "bouilloires thermiques" explique l'élu écologiste.
"Le couvreur est le premier à ressentir les effets du changement climatique", pointe Mériadec Aulanier en précisant que le métier, comparable à de la "haute-couture", "a toujours su s'adapter". Parmi les nombreuses solutions aujourd'hui mises en oeuvre pour faire descendre la température, l'isolation des toits, l'installation de stores extérieurs et de terrasses ou encore la pose de végétation ou de revêtement clair sur les toits.
"Ce métier, c'est vraiment de la haute-couture", confirme Alexandre Florentin. "Mais à 45°C, il faut changer les tissus", analyse celui qui réclame aujourd'hui la création d'états généraux sur le patrimoine et l'adaptation.
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