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Un surfeur sur une vague (illustration)
Crédit : JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
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Le surf, pour beaucoup ce sont les Beach Boys ou éventuellement Keanu Reeves et Patrick Swayze dans Pointbreak. Mais à en croire le magazine Society, le surf au 21e siècle aurait plutôt des allures de Rambo. Car c'est la "guerre" entre ceux qui sont nés dans les vagues, au Pays basque, dans les Landes, et les autres, qui se font insulter, menacer, qui retrouvent leur pare-brise badigeonné de wax. Ça peut aller jusqu’à l’agression.
C’est arrivé à Mathis il y a environ un an et demi. Une poignée de surfeurs attendaient patiemment au “pic”, ce point où débute le déferlement de la vague. Tout allait bien, jusqu’à ce que Mathis se lève sur la même vague qu’un autre surfeur. Le type a crié : “c’est ma vague !”, et lui a sauté dessus.
En avril, c’est Marc qui se fait insulter alors qu’il enfile sa combinaison devant sa voiture immatriculée 75. "Bande de cons, je vais brûler vos bagnoles !". De plus en plus, à l’entrée des plages on peut lire des tags : "Locals only, tourists go home".
Parfois, le racisme commence au département voisin. Un surfeur basque qui s’était aventuré sur une plage des Landes en a fait les frais. Xabi s'était jeté à l’eau avec une vieille planche en laissant la neuve sur le sable, pour ne pas l'abîmer. Il l'a retrouvée le lendemain sciée en deux, percée au centre et ligotée à la barrière devant la plage "en guise de trophée".
Il est revenu deux semaines plus tard : "un sale type rôdait avec sa perceuse autour des voitures immatriculées 64", dit-il. "Certains ont retrouvé leurs pneus crevés”. Et pire que les locaux, il y a les néo-locaux, installés depuis quelques années dans la région. Pour s’intégrer, certains sont encore plus virulents que les gens du coin. Ici, on les appelle les "Biarritziens", contraction de “Biarritz” et “Parisiens” : “ils importent leur mode de vie de citadins stressés", dit un habitué. "Ça met une mauvaise ambiance.”
Comment en est-on arrivé là ? C’est que le surf n’est plus une contre-culture, c’est un sport comme les autres, avec des adeptes de plus en plus nombreux. On est passé de 10.000 licenciés au milieu des années 1970 à 80.000 aujourd’hui, 680.000 pratiquants en tout. Les écoles de surf poussent comme des champignons. Elles affichent complet de Pâques à la Toussaint, avec une centaine de stagiaires par jour en juillet-août. Or, les plages ne sont pas extensibles, les bonnes vagues restent des denrées rares, et donc sur les bons spots, c’est l’embouteillage. Il est loin le dicton: “une vague, un surfeur”.
Plus de surfeurs, c’est plus de risque de collision, avec des locaux qui ont les nerfs à vif. Mais il faut bien le dire, les novices ne respectent pas toujours la politesse la plus élémentaire. Certains touristes “morts de faim” prennent toutes les vagues sans se soucier des autres.
Or, il y a des règles. Petit rappel avec Laurent Dulon alias Pilule, une figure du milieu. “Quand tu arrives sur un spot inconnu", dit-il, "tu salues les autres, tu observes, tu attends ton tour sans tracer au pic. Tu restes attentif à ne pas gêner. À l’eau, il y a toujours un ordre établi plus ou moins tacite. Il s’agit de trouver sa place.” Et mieux vaut arriver seul ou en tout petit groupe : “Quand t’arrives en équipe de rugby en dévalant la dune, déjà, ça part mal. C’est un manque de respect.”
Sans être un “vieux has been frustré”, comme il dit, Pilule est nostalgique du temps où le surf était plus authentique. Il s'inquiète aussi de voir diffuser sur les réseaux sociaux des images de “spots secrets”. Les petits coins sauvages sont parfois envahis de surfeurs du dimanche qui installent leur barbecue en filmant les vagues avec des drones et des perches à selfie. “C’est Disneyland, dit un shaper. Préserver l’océan, c’est aussi garder le secret”.
La guerre du surf… Belle enquête à lire dans Society.
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