Elles sont une quarantaine, les pieds ancrés sur leurs planches de skate à parcourir Los Angeles entre le célèbre skatepark de Venice et un parking abandonné. C'est l'été en Californie et, forcément, ce groupe ne passe pas inaperçu tant le skate est associé à une image très masculine et underground.
Aline, une Française de 31 ans, est en vacances dans la cité des Anges au moment de ce rassemblement, organisé par un groupe de skateuses californiennes connu sous le nom de GRLSWIRL. Elle saisit cette occasion pour s'essayer, pour la première fois, au skate, un sport qu'elle désire pourtant pratiquer depuis toute gamine.
"Je suivais les filles du GRLSWIRL depuis un petit moment sur Internet et j'aimais bien cette atmosphère de femmes qui ont l'air de prendre le contrôle de leur vie tout en s'appropriant de façon féminine, mais pas girly, un sport de mecs", raconte à RTL Girls Aline, venue à ce rassemblement sans planche mais avec beaucoup de curiosité et d’intérêt pour cette communauté "bienveillante", porteuse d'un véritable esprit de "sororité".
Fondé en février dernier, GRLSWIRL est un groupe de femmes composé d'une centaine de personnes en Californie et suivi par près de 20.000 personnes sur Instagram. Son objectif : rendre le skate plus féminin et permettre à toutes les filles et les femmes qui le désirent d'expérimenter à quel point skater peut être "libérateur et émancipateur", surtout quand on le pratique entre femmes, peut-on lire sur le site.
"Il y a un vrai esprit d'entraide et une volonté de repousser, ensemble, les barrières", souligne Aline qui est montée sur sa première planche lors de ce rassemblement, aidée par des membres du groupe.
De retour en France, cette parisienne trentenaire est déterminée à s'acheter sa première planche, et à rider avec un groupe de copines sur les quais de Seine. "Cela fait un petit moment que j'ai envie de m'y mettre et c'est notamment grâce aux femmes que j'observe autour de moi ou sur les réseaux sociaux", explique-t-elle.
Comme elle, Cynthia, ostéopathe de 30 ans, s'est jetée pour la première fois sur le bitume, il y a quelques semaines, avec un groupe d'autres filles. "Il n'y a pas de pression, pas de compétition, pas de démonstration. Juste l'envie d'apprendre ensemble, de se balader, de créer une communauté", explique-t-elle à RTL Girls faisant écho aux propos d'Aline.
Cette dernière souhaite en effet pratiquer le skate "à sa façon", sans avoir à "se comporter comme un mec", confie celle qui a appris le snowboard de cette façon, seule fille entourée de garçons. "Les filles du GRLSWIRL n'essaient pas d'être autre chose que ce qu'elles sont, personne n'est obligé de jouer à la plus dure", ajoute-t-elle.
Après sa première session de ride, Cynthia confirme le sentiment d'émancipation que procure la pratique du skate. "D'abord parce que le skate était pour moi rattaché à l'homme, donc j'étais fière de prendre possession d'un accessoire associé, à tort, à l'image du mec en pantalon large et casquette", raconte-t-elle, "et puis aussi de me tenir debout, sur une planche instable et de réussir à me sentir à l'aise, voir le décor défiler et ressentir la vitesse, même minime. Cette sensation de liberté, c'est ça l'empowerment", détaille-t-elle encore.
Opérant à la fois sur le terrain et les réseaux sociaux, le GRLSWIRL à Los Angeles ou l'association Realaxe à Paris, illustre un mouvement global dans le monde du skate, impulsé aussi bien par des marques, que des médias ou des passionnées de la glisse, sensibilisées au manque de représentation des femmes dans ce sport.
En témoigne l'excellente série de vidéos de Broadly, réalisé en collaboration avec Vans, et qui tire le portrait de femmes évoluant dans l'univers du skate, Give A Little, le dernier clip de Maggie Rogers, le compte Instagram @pennygurls, qui valorise les utilisatrices du réseau social ridant avec leurs planches estampillées Penny, la programmation du prochain festival du film de surf et de skate à Paris ou encore les hashtags #allonsrider et #girlscanride, lancés par Manon Lanza, cofondatrice du site Allons Rider qui confirme à RTL Girls le vent de féminisme s'installant dans le skate.
"Le féminisme est dans l'air du temps, toutes les manières de le revendiquer sont bonnes à prendre et le skate en fait partie", analyse-t-elle. Manon Lanza, également très active dans le milieu du surf, a par ailleurs elle-même organisé, dans le Pays-Basque en mai dernier, une rencontre autour du skate, réunissant alors une soixantaine de "badass sur-motivées" à apprendre ou partager leurs connaissances en matière de planches à roulettes.
"Le skate était un sport qui me faisait peur à cause du bitume, et puis à Los Angeles, je suis tombée amoureuse du carver (une planche qui ressemble au skateboard mais qui offre des sensations se rapprochant du surf, ndlr.)", raconte Manon Lanza.
Comme Aline, cette surfeuse basée au Pays-Basque se lance sur le bitume grâce aux filles du GRLSWIRL. "Elles m'ont dit de me lancer dans le skatepark de Venice. Je l'ai fait une fois, puis deux, puis dix... Elles m'ont montré que j'avais ma place dans le skate et c'est ce que j'ai voulu recréer à mon retour en France".
Malgré le météo catastrophique, l'événement organisé par Manon Lanza est un franc succès. "Je me suis rendue compte que les filles ont besoin de ce genre de rencontres et d'événements pour aller au bout de leurs rêves", explique-t-elle. "Toute seule, tu as peur du regard des autres alors qu'en groupe, on est plus fortes !"
Grâce à toutes ces initiatives, les femmes et les filles ne sont plus de jolies choses cantonnées au simple rôle d'observatrice, dans le meilleur des cas et pire, d'objet sexuel qu'on expose comme on exhibe la beauté de sa planche ou de sa technique dans le skatepark.
"Le skate, quand j'étais jeune, c'était les mecs au skatepark, après le collège, avec les filles assises sur le bord pour les regarder jouer. Aujourd’hui c'est devenu à la fois un moyen de locomotion et un moyen de se retrouver pour une balade le week-end, comme on pourrait le faire en vélo", observe Cynthia.
Aline nuance le phénomène en rappelant que les femmes restent cependant toujours minoritaires dans les skateparks. Dans le célèbre bowl de Venice, l'apprentie skateuse en a vues quelques-unes. Manon Lanza raconte de son côté avoir vu toute une jeune génération de petites filles se mettre en skate, poussée par leurs parents. Et bonne nouvelle, elles sont plus que les petits garçons à investir ce sport où la parité est, cependant, encore loin d'être gagnée.
Car si les compétitions s'ouvrent plus aux femmes (pour sa troisième édition, le Redbull Bown Rippers qui a eu lieu Marseille à la fin de l'été a accueilli pour la première fois les femmes skateboarders dans sa compétition, par exemple), les professionnelles restent cependant trop peu nombreuses dans le circuit. En témoigne par exemple l'équipe d'ambassadeurs de la marque Vans, composée d'une seule femme : l'Américaine Lizzie Armanto. Car au-delà du cool, il y a de vrais enjeux de société et d'égalité. Après l'émancipation, la révolution ?
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