Il s'est passé, le 11 décembre dernier, quelque chose d'incroyable. Le Premier ministre a prononcé un bon discours, il a donné une interview impeccable sur TF1, susceptible de lui attirer les bonnes grâces d'une bonne partie des Français. Mais il a raté son effet en plantant cette banderille inutile dans le dos de syndicats réformistes. Du coup, au lieu d'avancer, tout le monde commente le ratage.
Il n'est pourtant pas anormal que le Premier ministre se préoccupe de l'équilibre financier des retraites. Mais imaginez qu'au lieu de parler des 64 ans, il ait demandé aux partenaires sociaux de prendre les dispositions nécessaires dans les mois qui viennent, avant le vote de la loi sur les nouveaux systèmes de retraites, il en serait aujourd'hui dans une autre situation.
Pire même, sur le plan tactique il met les syndicats réformistes dans une sale posture. Si d'aventure ces derniers ne trouvaient pas meilleure méthode qu'un âge d'équilibre à 64 ans, ils auront bien du mal à l'assumer car ils passeront pour des suppôts du gouvernement.
Édouard Philippe a donc raté une formidable occasion. Il a pourtant bien commencé en annonçant que les partenaires seraient les gestionnaires du nouveau système, sous contrôle du parlement, ce qui est légitime puisque les retraites sont financées en partie par l'impôt.
Il lui suffisait d'ajouter deux choses pour briser le front syndical. Il fallait d’abord confier aux partenaires sociaux de trouver comment assurer le financement des retraites. Ensuite, confirmer qu'on ne modifie pas en cours de route les contrats avec les salariés. Cela aurait indiqué que les cheminots, entrés à la SNCF en bénéficiant des régimes spéciaux, ne seraient pas touchés par la réforme. Ce qui a d'ailleurs été concédé pour tous ceux qui sont nés avant 1985.
Ces mesures auraient pu rallier à la cause du gouvernement la CFDT, l'Unsa et la CFTC. Avec les seuls syndicats radicaux en lices, la grève aurait pris une autre allure.
Malgré tout, cette "boulette" est potentiellement récupérable. Les syndicats réformistes souhaitent négocier, Édouard Philippe est en train de manger une partie de son chapeau en tentant d renouer le contact avec eux. Mais le Premier ministre va payer la facture, la confiance est rompue, les syndicats sont humiliés. Laurent berger a prévenu : "On ne va plus nous marcher dessus". Il ne veut plus se contenter de bonnes paroles, il va exiger des décisions concrètes et précises. Les syndicats réformistes ont aussi des comptes à rendre à leurs bases, qui ne sont pas toujours aussi malléables qu'on veut bien le dire.
Un récent sondage a indiqué un affaiblissement du soutien de l'opinion aux grévistes. Mais il ne faut pas trop s'y fier : les mouvements de l'opinion ça va et ça vient. Dans un premier temps on soutient la grève, ensuite la gêne qu'elle occasionne énerve, donc le soutien diminue.
Puis l'exaspération gagne : les salariés qui ne parviennent pas à se rendre au travail sont horripilés, les commerçants qui ne voient plus le client se désespèrent, les entreprises tournent au ralenti ... La tentation est forte de mettre le gouvernement et les grévistes dans le même sac. Il est très difficile de sortir vainqueur d'un mouvement social qui dure trop longtemps.
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