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ÉDITO - Rentrée scolaire : "L'abaya, l'arbre qui cache la forêt des problèmes", estime Alba Ventura

Le nouveau ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, va vivre sa première rentrée scolaire. Son annonce sur l'abaya ne doit pas faire oublier les nombreux défis qui l'attendent, juge Alba Ventura.

Gabriel Attal, nouveau ministre de l'Éducation
Crédit : LUDOVIC MARIN / AFP
ÉDITO - Pour Alba Ventura, "l'abaya cache la forêt des problèmes à l'école"
00:03:49
Alba Ventura - édité par Julien Ricotta
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Gabriel Attal connaît sa première rentrée scolaire, lundi 4 septembre. Cet été, le ministre de l'Éducation nationale a fait feu de tout bois : interdiction de l'abaya et promesses d'un enseignant devant chaque élève. Ce qui est sûr, c’est que l’abaya est un peu l’arbre qui cache la forêt des problèmes. C’est très bien de l’avoir fait, mais il est plus facile de faire passer l’interdiction de l’abaya, réclamée par les profs et les directeurs d’établissements, que de résoudre la liste interminable des défis que doit affronter l’Éducation Nationale. 

Le ministre a aussi promis un enseignant devant chaque élève. Je ne crois pas prendre un très gros risque en disant que, malheureusement, il n’y aura sans doute pas un enseignant devant chaque élève. Gabriel Attal le sait, alors le ministère a passé l’été à essayer de colmater les brèches en ayant recours à des cadres sup’ ou des ingénieurs qui en ont marre du privé et qui veulent enseigner. Super idée...

Mais avec trois semaines de formation, vous croyez qu’on peut "affronter" (j’emploie ce verbe volontairement) une classe de 35 ados ? Ça ne veut pas dire que rien ne va. Il y a des équipes pédagogiques mobilisées, des profs engagés et le ministre est volontaire. Mais il n’a pas de baguette magique. On ne va pas résoudre en 3 mois, 6 mois ou un an près de 40 ans de difficultés.

Rien de bon n'a été fait sur l'école ces dernières années ?

Non je ne dis pas ça. Je sais que l’on aime bien taper sur les ministres de l’Éducation en France, mais il y a des choses qui ont été faites. Le dédoublement des classes de CP en Zone Éducation Prioritaire, de Jean-Michel Blanquer, est une excellente idée. C’était nécessaire, mais au point où nous en sommes, c’est bien au-delà du CP qu’il faudrait dédoubler les classes.

Deuxième chose qui a été faite : la revalorisation des salaires des profs. Pap N'Diaye a quitté son poste en rappelant cette hausse de rémunération qui était bienvenue. Mais vous pensez que pour 2.000 euros vous allez donner envie à des jeunes ou moins jeunes de se "coltiner" des classes surchargées, des élèves qui rencontrent de plus en plus de difficultés et leurs parents, qui viennent parfois vous dire comment il faudrait enseigner.
 
La troisième chose, c’est que l’on a mis l’accent sur l’apprentissage et la formation professionnelle. On va voir ce que va donner la réforme du lycée professionnel. Mais tout ça ne suffit pas à résoudre la baisse du niveau des élèves et la perte d’autorité des profs.

Il faut donc tout repenser ?

Oui, tout revoir de fond en comble. Il faut arrêter les rustines, arrêter de décider en plein été sans préavis que l’on va réduire les vacances scolaires. Parce que tout ça, ça se discute, ça se négocie, ça ne se fait pas à coups de menton ! On connait par cœur les données du problème : on a voulu le collège unique, cela a été présenté comme une mesure d’égalité. L’intention était bonne, mais on a baissé le niveau général en primaire et au collège.

Et puis on a décidé que 80% d’une classe d’âge devait avoir le bac. Dans les années 1980, 3 élèves sur 10 avaient le bac, on est passé à 8 sur 10. Résultat : le niveau du bac s’est effondré. On a voulu mettre tout le monde dans le même sac pour que tout le monde passe, on a baissé le niveau. Pardon, mais l’école ça ne peut pas être l’école des fans ... 

Que faut-il faire ?

Il faut s’assoir, négocier, reconstruire. Il faut massivement revaloriser le salaire des profs pour rendre le métier attractif. Il faut revoir le temps de travail des profs, ou plutôt le temps de vacances, le temps des formations. Et comme je vous le disais, revoir cette idée que tout se vaut. Tout le monde n’est pas fait pour aller à la fac ni même au lycée. Il faut revoir l’école de A à Z.

Ça va prendre du temps, cela n’est pas sans risque de conflit social. C’est une négociation de fond qui demande du courage, des concessions de part et d’autre, du budget (à un moment où on n’en a pas). Mais c’est indispensable. L’école, c'est là où se construit la France de demain. Emmanuel Macron a décrété que l’école était son domaine réservé : à lui de faire en sorte que ce ne soit pas que des mots de rentrée.

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