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Le témoignage d'une mère qui a donné la mort à son fils
Crédit : LOIC VENANCE / AFP
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En 1984, Anne Ratier accouche de son premier enfant qui va connaître un destin dramatique. Lors de l’accouchement, l'anesthésiste et l’obstétricien constatent que le cœur du nouveau-né ne bat pas et que l’état de la mère est catastrophique. Une césarienne est pratiquée, le bébé est sauvé mais s'avère gravement touché.
Sur RTL, Anne Ratier raconte les terribles moments vécus après la naissance de Frédéric : "Je n’ai appris que plus tard qu’il était né mort et qu’on l’avait réanimé de force. Il a été ensuite transféré dans un autre hôpital de la région où il n’y avait pas le matériel nécessaire pour ses convulsions. Mais on a fait signer un papier à mon mari en lui disant ça n’était pas grave car tous les enfants qui sont nés par césarienne, ont des problèmes respiratoires. Nous avons mis trois ans pour nous rendre compte que c’était irrémédiable".
À cause d’un accouchement compliqué et d’une mauvaise prise en charge, son fils Frédéric sera toute sa vie lourdement handicapé et dans un état végétatif. Pendant trois ans, Anne va chercher désespérément toutes les solutions pour éveiller son fils à la vie. Ce seront trois années d'un amour démesuré, où chacune de ses pensées sera tournée vers son enfant.
Âgée de 32 ans à l'époque, Anne Ratier explique avoir été divisée entre l'idée de voir son fils souffrir en vivant et qu'il meurt en paix : "Votre monde s’écroule lorsque le couperet tombe. On se pose alors beaucoup de questions quand on voit qu’à trois ans, il faut le laisser, l’abandonner dans un centre. C’était très difficile pour nous de nous dire que dans quelques temps, nous allons être obligés de le laisser à des étrangers. Ça, je ne pouvais pas le faire."
Elle se justifie ensuite en expliquant que voir son fils lourdement atteint était un supplice quotidien : "Je pense que c’est très important, comme pour mon fils, qui ne pouvait ni parler, ni s’exprimer, que de dire que la vie, on ne pouvait pas la vivre à tout prix. Il y a pire que mourir parfois, c’est de vivre dans un état végétatif en étant lourdement handicapé".
Anne Ratier poursuit en reconnaissant que, plus de trente ans après les faits, son acte peut choquer les gens : "Je vais choquer d’autres mamans comme j’ai été choquée moi même. Je ne m’attendais pas à vivre une situation pareille et à en arriver jusqu’à tuer mon fils. Je comprendrai que tout le monde trouve ça choquant d’ailleurs si on ne trouve pas cela choquant, ça n’est pas normal. J’ai lutté contre moi-même aussi pour en arriver jusque-là."
C'est en parfaite connaissance des possibles conséquences qu'elle a pris la décision de mettre fin aux jours de son propre enfant : "J’avais parfaitement conscience de commettre un acte illégal. Lorsqu’il est mort, j’ai fait part à ma famille et à mes proches que je voulais que ce soit connu. Mon mari m’en a dissuadé même si j’étais prête à aller en prison. J’ai eu la conscience très aiguë de transgresser une loi mais je n’avais pas le temps que mon fils continue à souffrir. Ma demande aurait pris des années".
Enfin, Anne Ratier revendique haut et fort son souhait que, dans la société d'aujourd'hui, des parents puissent avoir le choix en se trouvant dans pareille situation : "J’ai l’espoir que cette loi sur l’euthanasie change, que les mentalités évoluent. C’est juste mon expérience, je ne veux pas donner de leçons. Je veux qu’on prenne en compte la souffrance d’une mère où il est question d’amour."
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