Là encore, c'est un signe d'une société marquée par le sexisme. Dans une enquête publiée dans son numéro du mois de mai, le magazine GQ révèle que sur les 250.000 nounous en France, 0,5% sont des hommes.
Pourquoi si peu? C'est une question qui fait écho à tant d'autres. Pourquoi ce sont les femmes qui font le plus souvent les réunions parents profs? Pourquoi ce sont les femmes qui ont le plus souvent posé les jours de congé au cours de l'année écoulée, quand il fallait garder les enfants parce que l'école était fermée?
La réponse, elle, est tout à fait claire. Dans notre société, le cliché reste ancré : s'occuper des enfants, surtout quand ils sont tout petits, c'est toujours considéré comme étant une affaire de femmes. GQ a recueilli plusieurs témoignages de ces hommes qui expliquent comment les parents, parfois, les regardent de travers quand ils découvrent qu'ils vont s'occuper de leurs enfants.
Wiliam se souvient de sa grand-mère et de sa réponse quand il lui annonce qu'il va faire assistante maternelle. "Ça n'est pas un métier pour les garçons", lui dit-elle. "Dans l'inconscient collectif, écrit GQ, les hommes seraient moins aptes à soigner, à câliner, à biberonner".
Ceux qui revendiquent cette compétence subissent parfois des moqueries sur la sacro-sainte virilité. Vous lirez d'ailleurs le témoignage de Serge, ancien tennisman, 1 mètre 83 et 97 kilos, devenu nounou et qui s'amuse d'aller à l'encontre des clichés et des regards qu'on porte sur lui.
Vous apprendrez en lisant l'article que les hommes n'avaient pas le droit d'être nounou, puis agriculteur et même enseignant en maternelle avant 1983. Résultat donc, il n'y a que 0,5% d'hommes chez les nounous, mais aussi seulement 7% d'hommes parmi les enseignants en maternelle et 18% seulement en primaire.
En conséquence, certains stéréotypes s'infusent. Plusieurs spécialistes interrogés par le magazine constatent que les petits garçons, de fait, ne sont confrontés dans l'enfance quasiment qu'à des femmes qui s'occupent d'eux. Cela participe à entretenir des clichés et des schémas de pensée qui se répercutent ensuite dans la manière dont les garçons peuvent imaginer l'organisation dans leur propre famille quand ils sont adultes.
"S'il y avait davantage d'hommes dès la petite enfance, cela donnerait envie aux garçons de s'occuper des autres", lâche une professionnelle. La situation évolue très peu en ce moment, avec deux hommes en moyenne par promotion dans les formations des professionnels de la petite enfance.
Le comble, c'est que malgré ces chiffres totalement déséquilibrés, les hommes nounous, par exemple dans les crèches, ont tendance à devenir chef plus vite que les femmes. À la fois du sexisme classique, parce qu'on leur prête des qualités plus grandes de manager et parce que, parfois, on préfère les mettre à des postes d'encadrement pour éviter qu'ils soient directement au contact des enfants.
Vous lirez donc le chemin qui reste à parcourir avant d'espérer une société un peu plus égalitaire, avec un chiffre qui permet peut-être un peu d'optimisme. En 2014, 83% des parents affirment qu'ils feraient autant confiance à un homme qu'à une femme pour s'occuper de leur enfant. Dans les faits, on ne voit pas exactement le résultat pour le moment. C'est ce qu'on appelle du déclaratif.